Plus qu'un bon recueil de nouvelle, une trace d'époque.
De Nicolas Gogol, je ne savais pas grand chose. Je me souvenais juste avoir vu une adaptation du "Nez" en bande dessinée dans "Je Bouquine" sur 10 pages, afin de nous inciter à lire la suite. Cela m'avait intrigué puis, j'avais oublié.
Puis, je pris le recueil des Nouvelles de Pétersbourg à la bibliothèque sans trop savoir pourquoi j'avais choisi cet auteur classique plutôt qu'un autre. Peut-être que la bd avait résonnée dans mon esprit inconsciemment. Puis après la lecture des 5 nouvelles que constitue ce recueil, je me rends compte que j'ai tout aimé.
Bon, quand on est un auteur de nouvelle fantastique et qu'on est russe, c'est quand même le pot d'être né au 19eme siècle : le genre de la nouvelle y connaîtra (grâce aux journaux) un essort fabuleux, le fantastique y trouve ses lettres de noblesses (et une ambiance tellement propice que de nombreux récits contemporains s'obligent à y revenir pour retrouver le fantastique...) et la Russie est dans un boom littéraire qui lui fera naître romanciers cultes sur romanciers cultes (tiens un Pouchkine, tiens un Tolstoï, tiens un Dostoievski... ho, un Tchekhov, hé un Tourgeniev...)
En plus de ça, Nicolas Gogol a vraiment une tête franchement plus sympathique que celle de ses camarades (si si, cliquez sur la page "littérature russe" de Wikipédia, vous verrez que j'ai raison.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_russe
Bref, arrivé avec tout ce pédigré de "ça va être génial tu vas voir" les nouvelles ne pouvaient que décevoir mes attentes... et bah, non. C'est vraiment bien. C'est descriptif sans jamais être trop long et barbant (n'est-ce pas Balzac ?) , ça parle de société sans jamais donner des jugements de père-la-morale (n'est-ce pas Victor Hugo ?) ça part dans le fantastique sans jamais partir dans l'horreur (n'est pas ce pas, Edgar Allan Poe ?) et ça sait toujorus désamorcer les moments d'incrédulité ou de prise au sérieux par de la blague ou une forme de dérision qui fait passer le fantastique ou les trous dans le canevas.
Et en plus, le livre offre une sorte de revue de tous les travers humains, de l'absurdité du monde en passant par les 7 péchés capitaux : L'avarice et l'envie ("Le manteaux") L'orgueil ("journal d'un fou") L'orgueil et la colère ("Le nez") La luxure ("la perspective Nevsky") et celui qui constitue le préféré de beaucoup, "le portrait" contient peut-être tous les péchés : La gourmandise, l'orgueil, la paresse, l'envie et la colère. (L'avarice et la luxure sont là, mais moins présente...)
Bref, Nicolas Gogol est un bon qui a sa place mérité dans mon panthéon des meilleurs écrivains de nouvelles.