Moravia Roma
« Nouvelles romaines » (1954) est, comme son titre l’indique, un recueil de 36 nouvelles, en 366 pages, écrites par Alberto MORAVIA (1907-1990) à 47 ans et qui se déroulent à Rome et dans les...
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le 15 juil. 2022
« Nouvelles romaines » (1954) est, comme son titre l’indique, un recueil de 36 nouvelles, en 366 pages, écrites par Alberto MORAVIA (1907-1990) à 47 ans et qui se déroulent à Rome et dans les environs. C’est son 14e recueil de nouvelles (sur un total de 24), écrit la même année que « Le mépris », son 12e roman, rendu célèbre par le film éponyme (1963) de Jean-Luc Godard. L’ambiance générale rappelle celle des films « Les monstres » (1963) de Dino Risi, constitué de 19 sketches qui décrivent des personnages mesquins, lâches, veules, petits monstres du quotidien et « Les nouveaux monstres » (1977), constitué de 12 sketches, de Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola. Moravia est un peu moins féroce qu’eux mais sans concessions et se rapproche aussi d’Anton Tchekhov (1860-1904), lui aussi prolifique auteur de nouvelles (649 dont 122, rien que pour l’année 1885), sans juger ses personnages, sauf, peut-être, dans « Le nez » où le protagoniste Silvano est digne de figurer dans le film « Affreux, sales et méchants » (1976) d’Ettore Scola. Les femmes ont souvent le mauvais rôle comme « Caterina » (qui change de caractère car ne pouvant avoir d’enfant) ou Lucrezia dans « Les bijoux » qui rappelle le film « La belle équipe » (1936) de Julien Duvivier (1896-1967) avec Viviane Romance ou Italia qui profite de sa beauté et de sa jeunesse dans « Le camionneur » ou Dirce qui manipule son amant dans « « Pluie de mai » ou Valentina qui ne cesse de traiter son mari Augusto d’avare dans « Un panier percé ». Cela rappelle également « Les caractères » (1688) du moraliste français Jean de La Bruyère (1645-1696) mais Moravia se focalise sur les pauvres, vivant d’expédients et de combines, les prolétaires et un peu les commerçants (« Le pique-nique »). Toutes les nouvelles ne se valent pas : certaines sont désopilantes comme « Une bonne soirée » où les personnages, 4 hommes et 2 femmes, sont pathétiques et risibles mais le regard de Moravia n’est jamais cruel ou méprisant, « Tabou » et le relativisme des superpouvoirs ou « Je ne dis pas non » ou comment rater sa nuit de noces ; d’autres sont émouvantes comme « Le bébé » où un couple qui a déjà 6 enfants, tente d’abandonner dans une église leur 7e nouveau-né ; d’autres évoquent le fatalisme des situations comme dans « Au revoir ! » avec la difficulté de se réinsérer après la prison ou sont d’une grande finesse psychologique (« Mario » sur la jalousie) ou amères (« Le gardien » ou « Le chow-chow »). Enfin, l’écrivain est d’une grande concision (10 pages par nouvelle), permettant d’aller à l’essentiel, sans digressions inutiles, ce qui en fait sa grande force et qui devrait servir d’exemples à certains plumitifs (y compris au cinéma). Il a d’ailleurs récidivé en écrivant « Autres nouvelles romaines » en 1959.
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le 15 juil. 2022
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