Nouvelles sous coke
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le 1 août 2011
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Auteur de nombreux romans mêlant fiction et autobiographie, Frédéric Beigbeder s'est prêté ici à l'exercice de la nouvelle ; un classique de la littérature trop classique pour cet auteur au spleen tout sauf lyrique - ennuyant, blasé, lisse parmi les atrophiés du cœur qu'il se persuade d'être pour trouver l'inspiration, nous devons ces courts récits mi-réels mi-grand-n'importe-quoi à la grâce des frasques de leur auteur.
Le mal du siècle, le spleen fin de siècle et tous ces sentiments hybrides racontés par Musset et Baudelaire dans la seconde moitié du XIXème ont dû faire une sacrée impression à Beigbeder pour qu'il ne cesse de s'en revendiquer. Contexte : on est à la fin du siècle, mais du XXème. Dans la jungle urbaine que devient Paris, au milieu des métros, aéroports et rues-fourmilières, Frédéric Beigbeder se noie dans sa solitude. Il a troqué le haschisch baudelairien pour des cachets d'ecstasy lorsqu'émane en lui la pulsion d'écrire, comme ses éminents prédécesseurs, en état second. Une note d'avertissement introduit le recueil : contraste !
Car d'avertissement on s'en passera pour la suite. Rompues à la plume vulgairement parisienne (ou parisiennement vulgaire) de Beigbeder, les nouvelles racontent son spleen à lui, un poncif lu et relu qui, s'il épaissit le personnage, ne le rend pas moins détestable. Ancien publicitaire habité par une singulière lassitude qu'il sert à toutes les sauces, son plaisir réside dans la quête de l'inatteignable, le plus souvent atteint par notre auteur qui n'a de besoin que celui de se satisfaire. Autrement dit, son spleen est celui de ceux qui ont déjà goûté à tout.
Dénués de lyrisme et presque avilissants, les thèmes abordés sont au nombre de 3 pour 14 nouvelles : l'alcool, le sexe et les femmes - ou plutôt l'objet sexuel qu'elles représentent pour l'auteur. Avec la misogynie symptomatique des hommes qui jouissent allégrement de leur posture, tout est bon pour faire du personnage des nouvelles - lui-même - un salaud talentueux mais désabusé et dépressif. Un monstre urbain ne tombant que lorsque son cœur est brisé, s'y intéressant seulement pour les besoins de l'art.
En effet, si l'écriture est sale, elle sert un langage de l'âme secrètement sentimental. Le recueil est dédié à Delphine et toutes ses nouvelles l'honorent à leur façon : ''La nouvelle la plus dégueulasse de ce recueil'' est en fait la plus initiatique.
Dans ce système rodé de dizaines de pages vulgaires mais drôles, alternant avec des conclusions révélant d'une délicatesse maladroite les sentiments de l'auteur, on se surprend parfois à aimer détester ce antihéros snob qui raconte l'amour, mais l'on est bien heureux de ne pas être aussi désabusé. Il y a finalement des façons bien plus simples de raconter l'amour que de pérorer sur sa condition privilégiée. Beigbeder, qui ne s'est jamais encombré de lyrisme, trop chic ou trop pauvre à son goût, n'avait certainement pas besoin de psychotropes pour le prouver.
Créée
le 5 sept. 2022
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