Comme le dirait Novencento, ce livre, il est presque trop beau pour qu'on en fasse une critique. Cette pièce a tellement été un coup de foudre pour moi que cela va être difficile d'être objective, mais tant pis.
J'ai découvert Novencento : Pianiste il y a quelques années en colonie de théâtre. Un soir, pendant que les autres regardaient un film ("LOL" il me semble, donc ce ne fut pas une grande perte), un animateur a proposé aux plus grands de l'écouter faire une lecture d'une pièce peu connue, dont il avait trouvé le livre sur un pont à Avignon. Cet animateur était comédien amateur, la lecture qu'il nous a faite n'était pas parfaite, la salle était mal sonorisée...et pourtant. Et pourtant la magie de Baricco a frappé tous ceux d'entre nous qui étaient présents. Quand il a refermé le livre, on a tous mis quelques secondes à revenir à la réalité. L'atmosphère, les mots sont restés avec nous, et pendant plusieurs heures nous étions plongés dans une sorte de mutisme. Transportés, bouleversés surtout par le message que recèle cette pièce pour qui sait voir derrière une intrigue en apparence enfantine : né lors d'une traversée, Novecento, à trente ans, n'a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l'Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d'un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui ; la musique de l'Océan, dont l'écho se répand dans tous les ports.
Depuis ce jour-là, j'ai lu et relu l'histoire de Novecento plusieurs dizaines de fois, sans jamais m'en lasser. J'y retrouve à chaque lecture la même magie, la même sensibilité des mots de Baricco qui savent frapper là où il faut. Chaque fois, Baricco met des mots sur mes maux et les apaise en quelques phrases simples, mais d'une beauté lénifiante.
Bon, je l'avais prévu, mais j'ai lamentablement échoué dans ma volonté d'objectivité sur cette œuvre. Elle représente tellement une étape importante dans ma vie de lectrice, ce moment où je me suis rendue compte qu'un livre ne fait pas que divertir : les plus beaux, les plus puissants peuvent toucher au plus profond, faire réfléchir et aider l'Homme à se comprendre (j'ai l'impression de réciter mes cours de français, mais c'est indubitablement vrai). Enfin, ce que j'ai écrit là n'est pas vraiment une critique de Novecento : Pianiste, puisque j'ai surtout décrit mes sentiments personnels vis à vis de cette œuvre. Néanmoins, je pense que la seule façon de savoir si l'histoire de ce pianiste si particulier vous laissera indifférent ou vous bouleversera est de le lire. Je parie que vous ne le regretterez pas.