Dans la vie, il y a ces livres que tu affectionnes tout particulièrement, dans lesquels tu te retrouves, qui te parlent ; et il y a ceux qui te transcendent, qui te font réfléchir sur ce que tu es, sur le monde, sur la vie. Novecento : Pianiste est un de ceux-là...
C'est l'histoire d'un type né sur un bateau, le Virginian, et abandonné par ses parents, deux émigrants. Recueilli et élevé sur ce même bateau, il y passe toute sa vie, sans jamais en descendre – sans jamais vouloir en descendre. Ce type, c'est Novecento, devenu pianiste du Virginian.
Mais ce livre n'est pas que l'histoire d'un musicien hors du commun ; c'est l'histoire de la vie et de la musique. C'est l'acceptation, ou non, du monde et de son immensité, de son caractère infini. Sur son bateau, Novecento est enveloppé dans sa musique, comme protégé, à l'abri du monde – qu'il imagine grâce aux récits des passagers. Cet homme de 27 ans, dont la seule maison est l'Océan, existe et n'existe pas à la fois, n'a pas de nom, pas de date ni de lieu de naissance : il est comme hors du temps – à l'instar de sa musique. Son innocence, son honnêteté touchante, et sa peur de l'inconnu – bizarrement, la Terre, alors que l'inconnu serait, pour le commun des mortels, l'immensité bleue de l'océan – font du personnage un être attachant et profondément pur.
En fait, Novecento est l'allégorie de la musique : une bulle intemporelle, partout et nulle part, qui nous protège de l'immensité du monde grâce à des notes harmonieuses, et dont les plus simples sont parfois les plus emplies de sens.
Dès lors, pourquoi descendre du bateau ?