Ici, la fin d'une œuvre singulière.

Je ne serai pas exhaustif : la suite de petits livres intitulés Marie Madeleine Marguerite de Montalte est inégale, les plus brefs m'étant paru les plus forts. Je me propose de dresser ici la liste des points positifs de l'écriture de Toussaint :

-écriture au style racé et polychrome, souvent élégant et vif.

-scènes souvent puissantes et évocatrices aux multiples accroches sensorielles (cinématographique cf la fuite du pur-sang dans l'opus précédant, olfactives cf le chocolat et le miel du dernier opus Nue, course poursuite à travers ville asiatique dans Fuir)

-histoire amoureuse somme toute cohérente et intéressante entre le narrateur et Marie.

-une envie de découvrir le travail plastique de Bill Viola et l'iconographie de l'Annonciation de marie à travers les âges.

Comme je le signalais plus tôt je ne serai pas exhaustif, loin s'en faut.

j'ai beaucoup aimé ce voyage assez déroutant par ses contrastes d'un paragraphe l'autre, on passe du froid au chaud sans cesse; on est désarçonné par la précision des descriptions comme par la minutie du portrait psychologique de Marie. J'ai peut-être moins apprécié La vérité sur Marie sa lecture m'est apparue plus laborieuse. ( pour des raisons de longueurs sans doute)

Je vous propose un extrait de ce style racé et polychrome dans l'opus Nue.

Je regardais Marie devant moi, j'apercevais fugitivement ses traits quand elle esquissait un mouvement, elle continuait de regarder fixement devant elle, une cigarette à la main, silhouette de dos en manteau sous la pluie, Marie, océanique, qui semblait exhaler des vapeurs de spleen qui allaient se dissiper dans la nuit au gré des effluves de la fumée de sa cigarette.

Jean-Philippe Toussaint a un talent indéniable, je n'y vois que très peu d'esbrouffe ou de supercheries dans sa prose. C'est un auteur original, sombre, goguenard et resplendissant de style.