Contrairement à ce que pourraient laisser penser le titre et la couverture, ce livre n’est absolument pas une comédie romantique à la Woody Allen.
Esther vient de terminer ses études de journalisme et elle part faire un stage de trois mois à New-York. C’est là qu’elle rencontre Frederick Armitage, professeur et écrivain noir de vingt-ans son aîné. Esther, jeune parisienne blanche et juive devient sa maîtresse.
Mais en cet été 1991, leur histoire d’amour naissante va être compromise par des événements dramatiques. A Crown Heights, quartier résidentiel de Brooklyn, un jeune juif renverse et tue accidentellement un jeune garçon noir. Suivront des jours d’émeute et de pillage, la mort d’un jeune étudiant juif et des affrontements sanglants entre les deux communautés.
Esther ressortira de cet épisode meurtrie et mettra de nombreuses années à comprendre ce qui a amené Frederick à rompre avec elle mais aussi à démêler les fils des événements et leurs conséquences pour les habitants de ce quartier et plus largement pour les différentes populations qui se côtoient.
Ce récit, même s’il relate des faits remontant à près de trente ans, semble tristement proche de nous et très actuel.
Colombe Schneck a choisi de mettre en scène deux personnages fictifs au milieu de faits réels mais dont l’histoire personnelle est irrémédiablement impactée par les événements qui se déroulent durant cet été 1991.
Esther, sorte de double de l’auteure, donne à l’histoire son caractère journalistique puisqu’elle mène une enquête sur ce qui s’est passé. Grâce à elle, le lecteur rencontre de nombreuses personnes qui ont été impliquées dans ces événements et dont on entend ici les voix.
L’histoire d’amour entre Esther et Frédérick offre aussi un parfait miroir aux événements, leurs deux histoires étant marquées par le racisme et l’antisémitisme.
Le début de ma lecture a été un peu bousculée par le fait que la romancière ne suit pas la chronologie de l’histoire mais déconstruit le récit grâce à des allers-retours temporels qui peuvent être perturbants. Mais je me suis assez vite accommodée de ce parti pris narratif qui permet aussi d’alterner les points de vue et les éclairages.