3 jours d’émeutes à caractère racial : 2 morts, 152 officiers de police blessés, 39 civils blessés, 27 véhicules détruits, 7 magasins pillés, et 225 cas de vols ou cambriolages, 129 arrestations, dont 122 noirs et 7 blancs… Rien que de très banal…
Des émeutes à caractère racial ont eu lieu en août 1991 à Crown Heights, dans l'arrondissement de Brooklyn, à New York, où cohabitent environ 180 000 Afro-Américains dont une partie originaire des Caraïbes et une minorité d'environ 20 000 Juifs, principalement des Loubavitchs. Ces émeutes sont considérées comme l'un des plus graves incidents antisémites dans l'histoire des États-Unis.
À l’origine de ces émeutes, un accident de la circulation :
Le 19 août 1991 vers 20 h 20, Yosef Lifsh, 22 ans, conduit une voiture qui fait partie d'un convoi de trois véhicules transportant le septième rabbin des Loubavitchs. Le cortège est précédé d'une voiture de police banalisée avec deux officiers de police à bord. Le véhicule de Lifsh est le dernier et se trouve distancé. Il traverse l'intersection Eastern Parkway et Utica Avenue afin de rejoindre le groupe. Lifsh fait une embardée pour éviter une voiture qui remonte l’Utica Avenue. Son véhicule heurte l’autre voiture, est dévié sur le trottoir, percute le pilier en pierre et blesse mortellement un jeune garçon de sept ans, originaire du Guyana, du nom de Gavin Cato et moins gravement sa cousine Angela Cato, du même âge. Les deux premiers véhicules du convoi, ignorant l’accident, poursuivent leur route jusqu’à leur destination.


https://www.lemonde.fr/archives/article/1991/08/23/etats-unis-violents-affrontements-entre-noirs-et-juifs-a-new-york_4004067_1819218.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_de_Crown_Heights


C’est sur ce « fait divers » dramatique et ses conséquences tragiques que Colombe Schneck construit son dernier roman « Nuits d’été à Brooklyn ».


Colombe Schneck est née à Paris en 1966 (Sa grand-mère maternelle, originaire de Lituanie est venue en France en 1924 pour y faire ses études, elle y épouse un médecin juif d'origine russe). Colombe est diplômée de l'Institut d'études politiques de Paris et titulaire d'une maîtrise de Droit public de l'université Paris. Elle a débuté sa carrière comme journaliste en travaillant notamment avec Daniel Schneidermann dans l’émission « Arrêt sur Images », puis rejoint le groupe Canal +. Elle a aussi participé à plusieurs émissions sur France Inter comme présentatrice, productrice et a réalisé des documentaires. Parallèlement elle est devenue romancière. Plusieurs de ses livres ont été récompensés : L’Increvable Monsieur Schneck Prix Murat (2007) ; Val de Grâce Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro (2009) ; Une femme célèbre prix Anna de Noailles de l’Académie française (2011) ; Les guerres de mon père Prix Marcel Pagnol (2018).
Nuits d’été à Brooklyn (2020) est son douzième livre.


Au contraire de ses précédents ouvrages, celui-ci est présenté comme une fiction bien que le personnage principal présente de nombreuses similitudes avec l’auteure : Esther, une jeune Française juive, s’installe à New York pour quelques mois, le temps de faire un stage de journalisme. Dans le cadre de ce travail, elle interviewe Frederick, un Afro-Américain de 41 ans, marié et père de famille, universitaire reconnu et spécialiste de Flaubert. Entre cet homme et cette jeune femme que tout semble opposer, c’est le coup de foudre et une liaison se noue. C’est à ce moment que la tragédie de Crown Heights a lieu et que s’affrontent la communauté noire les forces de l’ordre et les Loubavitchs.
L’une des forces du livre, qui retrace heure par heure le déroulé de ces événements historiques et des jours qui ont suivi, tient à la façon dont l’auteure conduit sa protagoniste (elle-même ?) à interroger sa propre judéité au regard de son expérience new-yorkaise. Elle est d’abord heureuse de pouvoir librement assumer son identité, pour la première fois de sa vie, avant que les appels aux meurtres contre les juifs de Crown Heights ne la ramènent à ses peurs d’enfant liées aux persécutions de ses ancêtres, dans la Russie tsariste de sa grand-mère.


La construction du récit n’est pas linéaire, il y a sans cesse des allers-retours temporels, ce qui alourdit la narration, complexifie inutilement la lecture, et finit par fatiguer : on ne sait plus si on se situe avant ou après l’accident (il faut revoir le titre de chapitre), ni quel jour, ni quelle heure… il n’y a plus aucun ordre chronologique. Peut-être Colombe explique-t-elle son parti pris dans les interviews que je n’ai pas eu le courage d’écouter.
Colombe Schneck décrit avec finesse, la façon dont Esther-Colombe, qui « ne sait rien », découvre les réalités de la condition noire aux États-Unis, à travers l’expérience personnelle de son amant. Bien qu’issu de la bourgeoisie de Chicago, l’homme souffre, dans son pays natal, des mêmes discriminations que l’ensemble des Afro-Américains : « Ne pas parler trop fort, ne pas courir dans la rue sous peine d’être en danger, s’écarter quand il voyait une femme blanche devant lui pour ne pas l’effrayer, ne jamais se faire remarquer ni risquer d’être arrêté par un policier. Il était désormais constamment, quoi qu’il fasse, suspect. »


Pour qui serait intéressé, je ne saurais trop recommander la lecture de :
« Une colère noire. Lettre à mon fils » de Ta-Nehisi Coates.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2016/01/20/ta-nehisi-coates-entre-rage-et-peur_4850592_3260.html
et « Huit ans au pouvoir. Une tragédie américaine » du même auteur.
https://www.senscritique.com/livre/Huit_ans_au_pouvoir_Une_tragedie_americaine/critique/188572110

Philou33
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le 16 août 2020

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Philou33

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