Un livre d’une grande profondeur qui devrait être mis entre toutes les mains. J’ai beaucoup aimé la dialectique de l’œuvre qui permet de suivre un cheminement logique et de se placer dans la discussion à travers les différents points de vue.
C’est une philosophie avec laquelle je partage beaucoup de choses même si je suis évidemment loin d’avoir compris l’essence du Tao, mais cette façon absolue de voir la vie me parle, de dire, par exemple, qu’il ne peut y avoir de justice parfaite s’il y a distinction, d’amour parfait s’il y a faveur etc… Non seulement, c’est vrai mais en plus, à l’heure où la société se scinde petit à petit en communauté et ne fait plus dans la justice universelle, c’est d’actualité.
Pour cette façon d’épouser toutes les facettes de la vie, sa cruauté comme sa beauté, on peut y voir un parallèle avec ce que dit Nietzsche de la nature et des hommes….Lorsque, dans l’essai, il est dit que l’altruisme n’est qu’une autre forme de l’égoïsme, c’est à mettre en relation avec ce que disait Nietzsche : « Comment un ego peut-il agir ans ego ? ».
Alors, dans la forme, ça reste très différent, c’est peut-être même totalement opposé. Nietzsche faisait de la philosophie à coup de marteau, c’était plein de vitalité, de violence ; ici, on est dans le calme et la sagesse… Mais il n’empêche le fond reste assez proche, voir aussi qu’il existe un lien fondamental entre une chose et son contraire (le bien et le mal, la souffrance et la joie) et qu’il faut arriver à les dépasser pour atteindre le Tao, pour devenir un surhomme…
Il est dit dans l’œuvre de Tchouang-tseu que la bonté et la justice nous éloigne de notre nature et qu’on se perd dedans, que ce sont là des choses vulgaires, tout comme la cupidité et l’ambition… Je ne peux, encore une fois, qu’être d’accord et noter ainsi le clivage apparent entre Tchouang-tseu et Confucius dont ce dernier prend des leçons dans la tronche à plusieurs reprises dans le livre, lui qui préférait se tournait vers les hommes…
Après, c’est une philosophie qui se « pratique », comprendre ne suffit pas car le Tao est une fin en soi, chose qui nous parait difficile à atteindre, nous, les hommes modernes !