J'ai découvert Stefan Wul gamin, avec Niourk. Oms en Série est son roman suivant et les similitudes sont nombreuses autour d'une question qui semble habiter les décors de l'auteur :
qu'est-ce qui fait civilisation ?
À noter que ce livre est à l'origine de La Planète Sauvage de René Laloux.
Ici encore, c'est aux côtés d'un jeune garçon qu'on embarque dans l'histoire : Terr est un om de compagnie, arraché au sein de sa mère pour grandir dans l'omerie qui lui est dédiée au sein du foyer de sa petite maîtresse : une enfant draag, espèce extraterrestre de poissons bipèdes évolués, extraits de leur environnement aquatique.
La toile de fond est impeccablement plantée :
un monde éloigné, une population dominante et de petits oms sauvages qui se regroupent et s'émancipent. En trois parties claires et distinctes, le roman déroule son implacable narration, efficace de bout en bout, sachant relativement manier le rythme.
Et pourtant, il y a une forme de rapidité narrative qui laisse le lecteur sur sa faim, d'immenses ellipses qui éclipsent un peu le plaisir que l'on prend à s'identifier au héros, un sentiment de survol décevant où l'on imagine combien chaque partie du roman aurait pu en s'étoffer en volumes denses d'une trilogie palpitante. Stefan Wul nous refait le même coup qu'avec Niourk : l'art de rapidement croquer des personnages identifiables, aussi plaisants que complexes, le talent d'une structure narrative qui ne laisse aucune place à l'échappée et sert à merveille les questionnements travaillés, et l'envie de s'adresser aux plus jeunes. Et c'est probablement ce dernier point qui – le rendant accessible aux lecteurs novices – l'empêche de creuser plus avant le sillon de l'écriture et nous laisse nous, lecteurs aguerris, un peu sur notre faim.
Qu'importe la poésie qui manque au texte, l'imagination laissée libre la crée.
L'inventivité est là qui sert le genre :
Oms en Série est un pur récit de science-fiction, où l'énergie de l'homme se raccorde en s'empilant pour assurer la survie de l'espèce, où la civilisation se construit à l'action, au quotidien, aux choix appliqués, où le dépaysement fourmille dans la faune et la flore dépeintes, et où l'humble héroïsme d'un gamin audacieux et habité de son altruiste ambition de justice sociale fait la différence là où tout semblait perdu d'avance.