Quel beau projet ! Quelle ambition ! Celui de faire le tour du monde en vélo ! Il suffit de lire le synopsis du livre pour déjà imaginer les contrées, les paysages, les visages, les langues et les aventures aperçus, entendus et vécues. Alors, au bout de 3 pages on pose le livre et on se prend à rêver. Et si...
Puis on lève les yeux, "Ah oui, le métro...", on se replonge aussitôt dans les aventures d'Alexandre Poussin et Sylvain Tesson qui nous font voguer par-delà les rivages.
Ce livre, fait rêver, au sens figuré comme littéral. Le jour on se dit qu'une balade en vélo au Chili serait sympa, et la nuit on en rêve (vraiment, pour moi en tout cas). L'Europe, le Sahara, l'Amérique du Sud, l'Asie, l'Eurasie puis (re) l'Europe. Pas de moteurs, si ce n'est ceux donnés par le bon Dieu...
Une fois l'euphorie d'avoir le privilège d'embarquer avec les deux compagnons pour leur voyage, une impression mitigée m'interpelle néanmoins. Certains passages sont drôles, d'autres curieux, mais certains aussi un peu prétentieux ou très succinct. Donc par moment cela fait un peu « Cocorico, la France c’est géniale » ou bien les émotions, la beauté des paysages, les impressions générales de tel ou tel tronçons de la route ne sont pas plus que ça reportés et cela manque un peu.
Certains pays semblent moins présents que d'autres dans le récit et il y'a parfois une impression de "glisse", où on pédale d'un pays à l'autre sans encombres. Cela n'est bien évidemment pas le cas sur l'ensemble du voyage (notamment en Asie du sud-est) et dans l'ensemble le récit n'est pas trop biscornu.
Les deux auteurs alternant l'écriture du récit, le style change et certaines transitions sont mieux gérées que d'autres. Le style est parfois un peu trop factuel à mon goût et cela s'en ressent avec certains passages plus fastidieux à traverser que d'autres. "Oui tu pédales, mais tu fais quoi d'autres ? Tu lèves les yeux de temps en temps ? Tu parles aux gens ? Tu écoutes ? Tu sens ? Tu ressens?"
Sur la fin du récit, le livre s'emballe et tout se finit un peu (trop) vite. Je me disais que cela était encore une fois une faute de style / récit, mais à posteriori, je me dis que cela doit retranscrire fidèlement la sensation des deux cyclistes. Une seconde on part de Paris vers le sud, la seconde d'après on arrive vers Paris depuis l'est, et hop un tour du monde bouclé...
En terminant le livre, je le ferme, puis, comme à chaque fois que je termine un livre, je relis le synopsis sur le quatrième de couverture. "Faire le tour du monde avec moins de 6000 francs chacun". Mais c'est vrai ! Ils n'en ont pas du tout parlés de leur gestion de budget ! Si ce n’est pour nous dire qu’ils achètent des Coca pas trop cher… Dommage...
Peu importe, avec le temps qui passe, tous les défauts plus ou moins gênants du livre disparaissent de ma mémoire (sélective). Seul cette sensation d'exotisme et ce désir du voyage reste... Et si...
https://www.youtube.com/watch?v=rmaBeo1M6vg