Lu en Février 2020. 6/10
Ah le romantisme, terre d'Hernani mon mal aimé et autre esclandres lyriques et pleurnichards plus ou moins bien sentis. Cette courte pièce d'Alfred de Musset a été écrite à un moment de sa vie où il venait d'être trompé par George Sand.
Il s'agit d'un Proverbe, soit un Drame romantique léger parsemé d'une intrigue amoureuse légère.
Et avant tout je tiens à souligner la très belle plume de Musset, peu de phrases sont marquantes mais l'ensemble est très élégant très fluide, simple mais pas simpliste ; c'est tout à fait agréable de ce point de vu. Autre point positif, les deux curés ayant un penchant pour les plaisirs de la panse. Deux personnages très Rabelaisiens (#FrèreJean) qui sont le véritable ressort comique de la pièce. Autre ressort plus Molièresque cette fois, les apartés et surtout l'incapacité pour chaque personnage de ne pas s'écouter parler (néanmoins c'est un rire mais presque jaune au fur et à mesure de la pièce).
De l'autre côté de la barrière de la finesse, on retrouve les éternelles tares du romantisme. C'est à dire des personnages à qui on a envie de coller des baffes + aucun héros à qui on a envie de s'identifier. La relation entre Perdican et Camille se fait donc longuette malgré une histoire courte. On ne sait trop quoi faire quand commencent et s'allongent leurs respectives tirades plaintives. Néanmoins, le côté espiègle de Camille permet de donner un peu de forme au personnage bien qu'il tourne très vite en boucle et pratique en permanence une pseudo-introspection (Elle, Perdican, Le Baron...) comme font tous les personnages de l'époque.
De plus, le côté moralisateur et donc proverbial de la pièce n'est pas très fin. Le Tiers-État subit les caprices de la bourgeoisie. Le problème étant qu'on a envie de dire "encore". Car les romantiques ne tirent que très rarement des leçons de leurs erreurs comportementales.
Ainsi, on se retrouve avec une pièce un peu entre deux genres (tout le problème du Drame Romantique), qui tente de faire passer de grands messages sans qu'ils ne soient dits suffisamment forts pour qu'ils soient entendus. La face comique et la faible longueur du texte rendent tout de même lisibles et pas désagréable cette pièce majeur de Musset. Ça ne m'a juste pas donnée la moindre émotion "Romantique".
"Maitre Blazius : Toute sa gracieuse personne est un livre d'or ; il ne voit pas un brin d'herbe à terre, qu'il ne vous dise comment cela s'appelle en latin"
"Perdican : On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on dit |J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois mais j'ai aimé. C'est moi qui ait vécu, et non pas un être factice crée par mon orgueil et mon ennui.|"