Alejandro Jodorowsky.
Alejandro. Jodorowsky.
Le nonagénaire touche à tout sort encore des livres en 2019.
Jodorowsky le conteur d'histoires à la poétisation évocatrice.
Quel homme. Quel artiste.
On connaît son talent pour la poésie, le théâtre, la bande dessinée, le cinéma...
Je voulais aujourd'hui mettre en exergue devant vos yeux incrédules, l'ambition d'un Jodorowsky écrivain oublié par certains.
Alors que son Poesia sin fin voyait sa vie racontée avec une inventivité certaine, penchons-nous sur ce qu'il a pu produire durant sa longue vie d'artiste.
Après la constatation d'une impossibilité d'accoucher du chef-d'œuvre prophétique qu'aurai été Dune, je me pose une question : qu'est-ce qui -ô grands dieux- pourrait arrêter sur cette terre comme ailleurs Alejandro Jodorowsky dans sa soif créatrice ?
Un bref retour en arrière s'impose.
Le théâtre a une place importante dans la vie du jeune Alejandro, qui, quand il débarque à Paris en 1955 (à la suite, donc, des évènements narrés dans Poesia sin fin), étudie le mime et travaille avec Marcel Marceau pour lequel il écrit des pantomimes dont certaines deviendront célèbres.
Ce n'est donc pas anecdotique pour Jodorowsky de s'adonner à l'écriture théâtrale des années après ces multiples pérégrinations cinématographiques et littéraires qui ont vu accroitre sa renommé et sa reconnaissance.
Il s'impose en tant que co-fondateur du mouvement Panique qui voit comme principale caractéristique une continuité des questionnements qui émergent sous le mouvement Absurde et des œuvres qui l'ont représentées.
Avec l'intelligence de la forme et la poursuite des interrogations existentielles du fond développé par l'Absurde, l'auteur décline par cette vingtaine de saynètes -au potentiel représentatif disons... intéressant- autant de stéréotypes du monde .
Des stéréotypes désincarnés, des personnages insaisissables évoquant en moi un voisin, un ami ou un reflet de mon image.
Des stéréotypes qui s'expriment par le rapport ténu qui existe entre le monde et ses individus mais également entre les individus pour construite, par l'absurde, un sens nouveau, non sans une certaine poésie, chère à l'artiste.
Des saynètes qui se picorent comme autant de jeux d'esprits tisser entre spectateurs/lecteurs et auteur.
Pour preuve, je conclu par cette saynète, traduite de l'espagnol par Marianne Costa en collaboration avec Brontis Jodorowsky :
LE PREMIER PAS
B : Le Tao Te King, le livre de la sagesse orientale, dit que pour parcourir un kilomètre, il faut commencer par faire un pas. Bon. Je vais avancer d'un kilomètre . Je vais faire le premier pas. Mais quelle est la longueur d'un pas ? Un demi-mètre ? Plus ? Trois mètres ? Moins ? Vingt centimètres ? Un millimètre ? Et si faire un pas, c'était seulement concevoir mentalement, sans aucune mesure, l'idée d'un pas ? Je conçois un pas. Bon. Maintenant, je n'ai plus besoin de faire un kilomètre. Il me suffit de le concevoir.
(NOIR)
Note :
Les prisonnières/10