Sorti en 99, ce roman vient tout juste de sortir en France. Indridason y est au sommet de sa forme et nous livre un thriller d'espionnage et historique haletant.
On est loin du rythme languissant, marqué par les rêveries mélancoliques et parfois morbides du personnage principal, des derniers opus de la saga Erlendur. Ce même si on retrouve dans Opération Napoléon certains des thèmes de prédilection de l'auteur : ceux de la disparition dans la montagne islandaise battue par les tempêtes et de la mort par hypothermie, ainsi que son goût pour l'histoire et notamment celle de son pays. Mais ici l'histoire est construite sur 4 jours (en dehors du prologue et de l'épilogue) et le scénario se déroule implacablement, heure par heure, du point de vue à la fois des protagonistes américains et islandais.
Ce livre comporte aussi et certainement à dessein une portée symbolique forte, relativement à l'indépendance de la "petite" Islande, pourtant très dépendante des Etats-Unis à bien des égards. Il exalte une forme de fierté nationale et affirme certaines valeurs (universelles, car l'Islande n'en a bien entendu pas l'exclusivité). Il faut également reconnaître à Indridason une réelle lucidité : sa description des "forces spéciales" des USA, avec leurs pathétiques barbouzes qui alignent bavure sur bavure malgré un matériel ultrasophistiqué, est criante de vérité ... lorsque l'on considère ce qui s'est passé durant les années 2000 (guerre d'Irak, Guantanamo, etc.), c'est à dire après l'écriture du roman !
Enfin, même s'il n'est pas question de la dévoiler ici, la chute et la façon dont elle revisite l'histoire est fort bien trouvée...et y sont d'ailleurs posées d'intéressantes questions sur ce qu'est l'histoire et ceux qui l'écrivent.