Mon premier défi de 2017: Lire "Orgueil et Préjugés", un livre écrit entre 1796 et 1797 et publié en 1813 qui ne sent même pas la poussière, et pour cause, je l'ai lu en version numérique! Une expérience intéressante dans mon parcours de lecteur des chemins de traverse. J'aime ne pas me contenter des titres médiatisés et primés de toutes parts. J'aime oser m'enfoncer dans des sentiers perdus, oubliés mais fascinants.
Ce qui séduit, chez Jane AUSTEN, c'est d'abord la qualité d'écriture, la subtilité de la langue, la justesse des dialogues mettant en valeur les moindres sentiments, les pensées, la drôlerie ou la causticité des personnages...
Et puis, lire Orgueil et Préjugés, c'est pénétrer dans la société d'une époque Georgienne (toute l'oeuvre de Jane AUSTEN se situe sous Georges III) juste avant la Régence de Georges IV quelque peu avant l'époque Victorienne. L'auteure y décrit avec délicatesse et ironie les joies, les peines, les quêtes, les ennuis d'une petite bourgeoisie campagnarde, la 'Gentry' et nous narre la complexité inextricable des codes de savoir-vivre de cette époque, des politesses et usages à respecter, des coutumes en matières de recherche d'époux, d'argent, d'assurance de ne pas finir vieille, seule et ignorée du Monde...
C'est aussi se frotter au machisme de l'époque, aux relations de pouvoirs au sein des familles, aux protectorats qui élèvent ou non l'individu sans lien avec sa personne. C'est rentrer dans le décalage qui existait alors entre le déclaré et le voulu. C'est tenter de comprendre comment, dans ce beau monde, chacun, chacune tentait de manipuler les autres et d'être le tireur de ficelles plutôt que le pantin.
Et puis, peut-être et surtout, lire un tel ouvrage daté, c'est se demander si nous avons évolué dans le bon sens. Chercher rencontre et plus, même sans affinité, est toujours le lot de nombreux surfeurs du Net. Paraître plutôt qu'être est très tendance aujourd'hui encore. Quant à la délicatesse de l'écriture de nos sms, je ne suis pas sûr qu'on puisse l'estimer comme une évolution positive... pas plus que le code de politesse dont certains ne semblent même pas pouvoir en imaginer une existence antérieure.
Alors, oui, ce petit retour dans le passé taraude mon présent et je m'interroge...