Petit livre pardonne moi, je n'ai pas fait ta connaissance par toi.
Oui, c'est un truchement qui m'a amené à te connaître. Car des fois on ne choisit pas, je t'ai rencontré en images, sous les traits d'autres, je n'ai pas eu le loisir d'imaginer ce que tu voulais me dire, je ne t'ai pas découvert en tournant tes pages, en découvrant avec langueur tes mots, je n'ai pas pu m'imaginer Darcy ou Lizzy, ils ont été posés sous mes yeux ainsi d'autres les avaient imaginés, alors je t'ai regardé.
Car petit livre j'ai entendu parler de toi par une belle journée dans le sud de la France. J'étais dans le Gard par une journée Austenienne, dans une parenthèse Austinienne. Moi aussi j'étais sorti du monde, moi aussi j'allais voir mes cousins, juste pour rien, histoire de vivre le monde dans un jardin, de pratiquer un art de vivre éculé où seuls comptent les gens qui nous entourent, les jeux de cartes sous le soleil. Le soir venu nous nous asseyions chacun dans un fauteuil moelleux, et puis nous lancions quelque film. Ce soir ce sera Orgueil et Préjugés, la bonne adaptation, celle avec Ehle et Firth. Oh je les vois venir, tous ces lecteurs ici, eh quoi, parler d'une adaptation sur une critique de livre, quelle horreur, impie.
Je dois l'être.
Mais c'est ainsi, je t'ai rencontré un soir comme ça, le temps de cinq épisodes avalés en deux jours, et de toutes les autres adaptations qui ont suivi.
Je dois t'avouer quelque chose. Si j'ai pris un plaisir inénarrable à te lire (tant que je ne le fais pas comme tu vois), j'ai aussi pris du plaisir à retrouver ces moments si incroyables dans tes pages, cette déclaration, si superbe.
Et oui, je dois aussi t'avouer, j'ai été chercher d'autres adaptations, d'autres tentatives, j'ai été chercher tes frères et sœurs que j'ai tous lus et dont j'ai cherché aussi les adaptations, les multiples Emma, les Raisons et Sentiments, m'imaginant des versions idéales avec chaque personnage joué par mon acteur préféré de telle ou telle adaptation (Ô Raymond Coulthard qui chante...).
Religieusement je te reviens, et je dois admettre, je revois plus souvent tes adaptations que tes mots couchés sur papier, malgré les quelques éditions que j'ai de toi chez moi, en anglais ou en français.
Mais il faut le dire, à travers tous ces supports, malgré tout, c'est toujours toi que je cherche, je cherche toujours Darcy, Elisabeth, je repense à cette journée, je repense à tes mots, je repense à cette quiétude, cette histoire si simple et pourtant. Je repense au fait que tu as du créer des codes, que tu as été copié, parfois ouvertement (Bridget Jones, suivez mon regard...), parfois de manière plus subtile.
Pour tout ça, je voulais te remercier, et aussi m'excuser, du mieux que je peux, parfois, on ne choisit pas comment on rencontre l'autre.