Trouvé au hasard d'un placard, ce petit livre que je pensais sans immenses intérêts s'est finalement révélé être particulièrement prenant ...
La forme peut-être légèrement surprenante de prime abord : les indications scénaristiques sur les prises de vue sont parfois un peu gênantes mais l'on s'y habitue vite du fait de leur discrétion et l'on commencerait presque à trouver quelques dimensions mystiques à cet étrange "appareil" qui capte chaque instant de l'ouvrage dans un ballet cinématographique.
Cela passé, l'adaptation moderne de ce mythe antique est magistralement bien réalisée, tant l'équilibre si difficile à atteindre entre tragédie antique et monde contemporain est conservé tout au long du livre. L'oeuvre a l'âme du mythe d'Orphée, ses résonnances sentimentales et son idée principale, mais le tout s'inscrit dans un univers résolument moderne, rendant le mythe intemporel.
Ainsi la Mort personnifiée, vue comme toute puissante dans le monde des vivants, doit rendre des comptes à un tribunal quasi kafkaïen quant à ses actions, et prend la vie des Hommes en les fauchant... avec des motocyclistes. La catabase contemporaine s'effectue à travers des miroirs, dont la dimensions métaphoriques est clairement énoncée puisque c'est en eux que l'on se voit mourir.
Orphée c'est enfin une histoire d'amour absurde qui parfois nous échappe et tantôt nous emporte, mais toujours nous émeut, au rythme de la poésie délicate et envoutante de Jean Cocteau, qui s'exprime dans ce monde surréaliste où l'Amour de la Mort est délicatement distillé, et la Mort et l'Amour terriblement entremêlés