Dans ce roman, Marc Biancarelli choisit une nouvelle fois son île, la Corse, pour décor. Il met en scène un duo improbable : Ange Colomba, dit L’Infernu, un vieux tueur à gages en bout de course qui accepte un dernier contrat, et Vénérande, une jeune fille guidée par le désir de venger son frère, mutilé et défiguré par des crapules. On assiste à leur rencontre, puis on les suit dans leur expédition punitive à travers les montagnes corses du XIXème siècle.


Si l’on retrouve le fameux thème de la vendetta, caractéristique de l’imaginaire insulaire, on est cependant parfois plus proche du western – l’auteur cite d’ailleurs John Ford et True Grit en épigraphe. La description de la nature sauvage n’a en effet rien à envier aux grands espaces du Far West. L’héroïne, personnage féminin qui n’a pas froid aux yeux, pourrait également sortir de l’univers de Tarantino, qui ne renierait pas non plus l’extrême violence, tour à tour glaçante et jouissive, de certains passages.


La construction du récit donne de la profondeur aux personnages, grâce à une narration alternée : un chapitre sur deux laisse entendre L’Infernu qui raconte à la jeune fille son passé et ses faits d’armes plus ou moins glorieux, avec ses compagnons de l’époque. Ce personnage d’une extrême noirceur devient plus complexe, loin de tout manichéisme, comme l’annonçait l’antithèse entre son prénom, « Ange », et son surnom, qui signifie « L’Enfer ». Une relation inattendue se noue peu à peu entre les deux protagonistes, que tout opposait pourtant.


Le style de Biancarelli fait vivre ces personnages et nous emporte, dans une écriture qui prend de l’ampleur ou au contraire se resserre sur de courtes phrases nominales, nous faisant ressentir les différentes situations au plus près. Un roman d'une grande force qui gagne à être connu : le prix Goncourt Jérôme Ferrari pourrait bien être l'arbre qui cache la forêt (corse, bien entendu...).

antonia_m
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le 26 déc. 2015

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Ariane d'Auble

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