Est-ce que ce livre bénéficierait du même accueil si ce n'était pas d'une figure réelle et célèbre qu'il racontait le parcours ?
Roman, biographie, essai : le livre de Lola Lafon diversifie les approches et aborde des sujets multiples à travers l'histoire de Nadia Comaneci, au-delà de la performance sportive (la fin de l'enfance, la féminité, la dictature, etc, comme cela a été souligné dans toutes les critiques). La construction est intéressante, mettant en regard l'histoire racontée et le récit en train de se faire, la démarche d'écriture, grâce à la Nadia Comaneci fictive qui lit les chapitres de Lola Lafon au fur et à mesure qu'ils sont écrits et donne son avis. Ces conversations permettent un jeu sur réalité et fiction, en fonctionnant comme des documents alors qu'on sait que tout est inventé : pourquoi pas, mais ça ne va pas très loin. Au fond, tout est a priori intéressant dans ce livre : la déception à la lecture en est d'autant plus forte.
Il y a surtout un véritable problème de style. L'écriture de Lola Lafon est facile à lire, mais souvent désagréable. Les tentatives d'oralité en particulier sont maladroites et ratées (usage excessif des points d'exclamation et de suspension, beaucoup de "oh" qui sonnent faux). Le livre est également victime de redondances, il traîne en longueur alors qu'il aurait pu dire la même chose avec 100 pages de moins. En résumé, ça n'a même pas l'avantage d'un "page-turner" peu exigeant d'un point de vue littéraire mais au moins addictif : non seulement c'est mal écrit, mais en plus ça devient ennuyeux.
L'hallucination collective sur ce roman s'explique sans doute par le redoutable label "histoire vraie" ; si l'on s'intéressait vraiment à l'écriture, il passerait sûrement inaperçu. Donc 10 en effet, mais sur 20.
Edit : si on veut des exploits sportifs tirés de faits réels sur fond de Guerre froide, mieux vaut (mille fois !) lire Courir d'Echenoz.
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