Un ouragan pas si violent
Voilà le 5ème roman de Laurent Gaudé que je lis (après La Mort du Roi Tsongor, Le Soleil des Scorta, La Porte des Enfers et Danser les ombres). Malheureusement, je ne peux pas dire que j'ai...
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le 15 août 2015
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Laurent Gaudé écrit bien, très bien. Mais peut-être en fait-il trop avec ce roman. Les effets stylistiques tout autant que la construction du récit me semblent en contradiction avec l'objet même du roman.
Stylistiquement d'abord : on peut donner un air de poésie au malheur. Peut-on le faire avec le racisme ? Je ne le crois pas car je ne le souhaite pas.
Structurellement ensuite : Katerina a révélé, comme trop souvent dans ce pays, non seulement l'incurie des autorités mais aussi le racisme endémique qui sévit. C'est la « communauté » noire qui a payé le prix fort de cette catastrophe. Gaudé le montre et il a mille fois raisons. Traqués comme des pillards quand les Blancs étaient secourus, accusés des pires attitudes dans le Superdome où nombre trouvèrent refuge quand on su, après coup, que ce furent la maladie et la faiblesse qui expliquèrent les décès, abandonnés à leur sort et même parqués comme des bêtes, piégés comme des rats par des blancs-becs repus d'histoires effrayantes, les Noirs pauvres de la Nouvelle Orléans furent bien les « grandes » victimes d'une tragédie plus politique encore qu'écologique (la crise écologique majeure que nous commençons à vivre n'est-elle d'ailleurs pas elle-même la simple conséquence de cette même idéologie brutale et crasse qui veut que le possédant blanc occidental dispose de tout et de tous ?). Gaudé, qui a pourtant le sens du juste et l'oeil perçant, manque à mon avis une chose essentielle en prenant cet événement comme sujet : les élans de solidarité que l'adversité a permis de révéler. Car ils furent nombreux, et beaux, et grands ces gestes d'entraide, ces ressorts d'humanité.
J'ai aimé ces visages, oui. J'ai aimé les chants de chacun. Gaudé leur rend grâce et leur prêtes des mots propres, des phrases pures, même aux pires d'entre eux. Mais il m'a manqué la Soul ; il m'a manqué le Jazz (Louisiane oblige), qui sait transformer la polyphonie en harmonieuse mélodie, en air de victoire malgré les mensonges, l'injustice, la ségrégation et les coups.
Créée
le 21 déc. 2021
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