Ouragan
7.3
Ouragan

livre de Laurent Gaudé (2010)

Voilà le 5ème roman de Laurent Gaudé que je lis (après La Mort du Roi Tsongor, Le Soleil des Scorta, La Porte des Enfers et Danser les ombres). Malheureusement, je ne peux pas dire que j'ai énormément apprécié celui-ci. En y repensant, je pense que c'est sans doute parce que j'ai commencé par les deux meilleurs de Gaudé (Tsongor et Scorta, prix Goncourt 2004). La comparaison n'est du coup pas très flatteuse pour Ouragan.


Gaudé nous raconte donc dans ce roman la Nouvelle-Orléans avant/pendant/après le ravage de l'ouragan Katrina (même si le nom n'est jamais évoqué directement) qui avait dévasté la ville en août 2005. On suit donc une mère et son fils, un homme qui veut retrouver cette femme, une vieille noire de cent ans (à force de la répéter on a compris..), un prêtre et une bande de prisonniers libérés par les flots. A priori je trouvais que le "casting" était bien choisi car les acteurs sont relativement variés et permettent de voir plusieurs pendant de la ville et des activités de chacun.


Par contre, j'ai trouvé que la transition entre les histoires n'étaient pas très subtile... C'est justement ce dont j'avais peur au début, que les transitions soient flous et donc qu'on s'y perde entre les protagonistes. J'ai très vite regretté que le changement de récit soit si évident. Pour faire simple, quand on passe à la vieille on a droit à un "Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse...", pour le prêtre, il y'a un "Vous" dans les 3 premières phrases et pour les autres, il n'y a pas de formule mais un mot qui rappel tout de suite que c'est la mère, l'homme ou les prisonniers. En plus de ce manque de transition, on retrouve aussi (et c'est normal quelque part) le ton de Gaudé à travers les personnages… Du coup, bien que les paroles et les actes ne soient pas les mêmes, on a l'impression que c'est la même personne qui nous parle. Tel un acteur qui interprète plusieurs rôles, on a donc du mal à oublier qu'on lit un livre car la psychologie des personnages n'est pas suffisamment complexe pour vraiment faire vivre les protagonistes. La durée du récit par groupe est aussi un peu brève pour réellement faire avancer le schmilblick et donc on avance à petit pas ce qui empêche, je trouve, de vraiment se laisser entraîner dans ce roman.


Au niveau de l’intrigue, j’ai trouvé que l’idée n’était pas mauvaise, mais pas non plus excellente. En gros assez lambda. Les différents acteurs tentent de survivre (avec plus ou moins de succès…) dans cette ville inondée. On a quelques scènes très bonnes (le prêtre au cimetière avec le handicapé notamment) et des descriptions de scènes qui laissent penser que Gaudé s’est tout de même bien documenté pour son roman. Mais une fois de plus, je dois quand même souligner un défaut, les personnages et leurs évolutions ne m’a pas paru plausible du tout (mis à part la vieille). La plus grande déception est


le prêtre qui se transforme en tueur car « Il » lui a fait comprendre qu’il fallait nettoyer cette ville de l’immondice qui y traine… Dans ce cas, une explication aurait été nécessaire pour rendre crédible cette transformation entre un prêtre qui commence l’histoire en aidant des sans-abris à se réfugier dans son église et qui finit par tuer tous ceux qui bougent…


Le groupe des prisonniers est assez intéressant à suivre car il représente à lui seul plusieurs personnages, plusieurs psychologies et donc des dialogues, choix et dilemmes à suivre au sein d’un seul groupe. Leur développement est celui qui m’a paru le plus probable étant donné les personnages. Pour la vieille, le rappel incessant que c’est une vieille négresse qui en a trop vu rend le récit pénible. Pourtant, son histoire pourrait être touchante, mais à force de la ressasser, on s’en lasse. Dommage… Finalement, la mère et son ancien amoureux aussi manquent de crédibilité. Une « love story » peu probable qui se résout en plein ouragan, je n’ai pas trop accroché.


Je pense qu’il aurait été préférable de passer plus de temps sur du récit de la survie des personnages dans une ville inondée plutôt que de simplement voir la résolution des petites misères quotidiennes dans un cadre apocalyptique. Il me semble que l’ouragan n’est donc qu’on prétexte pour ces histoire qui ne sont pas si liées que ça à l’ouragan…


Je suis donc plutôt déçu de ce livre, tout en pensant que ceux qui ne connaissent pas encore Gaudé (surtout Tsongor et Scorta) pourraient le trouver bien et agréable à lire.

ThomasRechatin
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le 15 août 2015

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Rush

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