C'est avec un immense plaisir que j'ai enfin trouvé ce roman "introuvable", par hasard, dans une boite à livres au fin fond du Cantal lors d'un séjour récent …
C'est de ce roman qu'a été tiré le remarquable film éponyme d'Edward Dmytryk sorti sur les écrans en 1954. J'étais un peu dépité de ne pas pouvoir mettre la main sur ce roman de Herman Wouk publié en 1951 car j'étais bien certain qu'un film que j'apprécie autant ne pouvait être issu que d'un excellent roman. Et je n'ai pas été déçu.
Bien entendu, le film est très fidèle au roman mais, mais, il y a quelques petites nuances que le roman apporte. D'abord, si le film se focalise sur le commandement de Queeg (H. Bogart), on pourra dire que le roman s'intéresse au Caine qui voit passer plusieurs commandants dont Queeg. Et ce malgré son titre (respecté par le cinéaste), "The Caine Mutiny" qui renvoie à l'épisode central du roman.
Les personnages sont passionnants dont l'enseigne de vaisseau Willie Keith dont la personnalité est complexe, tiraillé entre sa mère possessive et son amie May. Au début, c'est un vrai petit con qui a oublié de grandir. À la fin, il a grandi et mûri et est même quelqu'un de respectable dans la marine (scène grandiose de l'avion suicide – absente du film).
Spoiler : Par contre, sous l'angle privé dans sa relation avec May, avec toutes les conneries qu'il accumule, il a un net train de retard et le roman se termine sur une incertitude (contrairement au happy end du film)
De même, les deux protagonistes de la mutinerie (qui n'en est pas tout-à-fait une), le commandant Queeg et le second Maryk. J'ai bien aimé l'approche du roman sur ces deux personnages-clé.
Et, comme dans le film, j'ai adoré le personnage de l'avocat de Maryk (José Ferrer) en cour martiale. Son sens du devoir et son ressentiment postérieurement au procès. Son analyse des personnages Queeg, Maryk (faits pour s'entendre) et l'intellectuel de service, le lieutenant Keefer (fait pour foutre le bordel).
C'est un livre sur la guerre du Pacifique, certes, mais c'est aussi un livre sur la mer où Herman Wouk fut, lui-même, enseigne de vaisseau sur un destroyer pendant la seconde guerre mondiale et eut à affronter des typhons dévastateurs.
Encore un livre qu'on ne quitte qu'avec regret. Sûr, je le relirai comme je reverrai le film …
Ah, mais quelle chance j'ai eu de trouver ce roman que je cherche en vain depuis une trentaine d'années ! Je n'en reviens toujours pas !