Entropia sur leurs talons, Matt et sa bande n’eurent définitivement pas le loisir de profiter de la paix : le souvenir menaçant des Cyniks fait d’ailleurs à tel point pâle figure que, conjugué au voyage attendu, ce cinquième volume paraissait à même de relancer une machine rouillée. Et c’est bel et bien ce que sera parvenu à accomplir Oz : un semblant de suspense inhérent au choc naturel et civilisationnel qu’aura connu l’humanité, quoique desservi par la fonction commode qu’endosse le « nuage » de pollution… conscient qu’il est.
Il faut toutefois reconnaître à Chattam sa cohérence en la matière, quitte à dénaturer en partie ses potentiels infinis. Les Pans et leurs alliés se lancent ici à l’assaut du Vieux Continent, inversant le rapport de découverte et accroissant ainsi notre curiosité : à quelle sauce seront-il mangé par les européens, pour peu qu’il en reste ? Dans la lignée d’un voyage généreux en rebondissement, les côtes de Bretagne vont rapidement rendre leur verdict… familier. De fait, c’est un véritable bis repetita que nous sert l’auteur, les Ozdults ne faisant que reproduire, avec quelques variations ignobles de leur cru, le fanatisme manichéen des Cyniks.
Une nouvelle menace plutôt binaire et facile à manier/délimiter en somme. Toutefois, Oz s’en tire assez bien en fin de compte, les manigances du Buveur d’Innocence (un peu plus crédible qu’auparavant) et l’ombre grandissante d’Entropia rendant la course au Cœur de la Terre plus effrénée, voire désespérée. Le roman semble aussi marquer un tournant en termes de tonalités, celle enfantine reculant beaucoup à la faveur de séquences marquées du sceau de l’épouvante : les spectres avides du centre commercial ne l’illustrèrent que trop bien.
Une appréciation prenant enfin une ampleur autrement plus vivace à l’aune de son dénouement, en rien facile et savamment pessimiste, et qui confère ainsi à Autre-Monde un nouveau souffle avant son prochain opus.