Pageboy
7.4
Pageboy

livre de Elliot Page (2023)

Une autobiographie aussi mal écrite que touchante (donc vraiment très, très, très touchante) qui narre avec franchise la vie d'Elliot Page, acteur né femme qui a longtemps officié dans le cinéma (la star de Juno, notamment), avant d'entamer une transition genrée et sexuelle : concrètement (pour celles et ceux qui ne sont pas familiers des termes) un garçon qui aime les femmes. Si l'on s'est intéressé au livre, c'est surtout parce qu'on a suivi (et apprécié) la carrière d'Elliot de ses début ("le temps d'Ellen", comme le dit l'auteur) aux récentes incursions sérielles (Umbrella Academy, où sa transition a été vraiment très bien gérée), et parce qu'on a vu les avis rétrogrades sortir comme des vers par jour de pluie dès son coming-out genré, nous faisant d'autant plus soupirer sur les raccourcis ignares (attaques gratuites) que subissent les personnes de la communauté LGBT+. On a eu d'autant plus envie de lire le bouquin, et on n'a pas été déçu sur le contenu, nous faisant tomber les yeux sur une jeune fille qui raconte sans filtre qu'elle a été abusée sexuellement par des producteurs, qu'elle a été baladée émotionnellement par des mecs, qu'elle s'est trompée (très souvent... On ne juge pas le cœur des autres, mais il faut bien avouer que Page tombe amoureux toutes les dix lignes...) avant de capter et d'accepter son identité genrée et sexuelle, un moment tardif dans le livre, qui met en lumière le peu de recul de ce jeune homme sur cette affirmation audacieuse, qu'on lui souhaite loin de tous les "vers" des réseaux (il y en a qui ont du temps à perdre), et un futur cinéma ou sériel qui fera claper des becs. Le point noir du livre reste cette écriture inclusive atroce, qu'on ne remarque pas vraiment sur une ligne de slogan (sur une affiche), mais sur 300 pages... On a bloqué sur chaque mot, lisant en saccadé (petite pensée pour tous les dyslexiques qui voudront lire ce livre...), vraiment une idée louable pour la communauté LGTB+ mais discriminant ceux qui ont du mal à lire en contrepartie (et en n'en faisant pas partie : on a eu une vraie perte de rythme à lire ces mots à moitié entre parenthèses). Clairement, on valide l'idée, mais pas la concrétion, qui, étirée sur 300 pages, est un supplice visuel (et encore, on pense aux dyslexiques, dysorthographiques, à ceux qui lisent mal en général...), ajouté à la narration sans style, au plus simple, aux sauts dans le temps plus que pénibles (on ne sait jamais où on est, entre les films cités pêle-mêle et les noms d'amoureux/amoureuses), et à un tic de langage qui aime beaucoup les métaphores (il en met partout). Bref, le style est cataclysmique, mais le fond est vraiment dur, fait ressentir tous les bouleversements, les questions, les avancées dans la tête de quelqu'un qui s'affirme garçon à la trentaine. Une audace dont on ne doute plus une seconde en fermant la dernière page du roman, et voulant forcer les "vers" à lire le livre, car à défaut de comprendre, ils auront au moins les yeux brûlés par l'écriture inclusive pendant 300 pages.

Aude_L
7
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le 7 mai 2024

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