Enfin, je suis arrivé à bout des 2900 pages de l'Étoile de Pandore et de ses insipides suites. De Peter Hamilton, j'ai également lu (ou effleuré du regard) quatre des six tomes de l'Aube de la nuit. Sincèrement, je trouve que M. Hamilton est un auteur très médiocre et qu'il y a peu de choses à dire pour sa défense. Curieusement, par un effet que seule la science-fiction rend possible, la profondeur de ses œuvres semble inversement proportionnelle à leur épaisseur. Pour résumer, l'homme n'a rien à dire; le dit très maladroitement; et a besoin de milliers de pages pour le dire.
Commençons par la seule qualité que je lui trouve : pour ce qui est d'écrire des scènes d'action, il s'en sort fort bien. Ces scènes ne manquent pas de détails et Hamilton sait les rendre effectivement lisibles et faire participer le lecteur à l'action. Hélas, elles s'étirent souvent au-delà du raisonnable (+50 pages) et finissent par engendrer ma lassitude. On sent bien que c'est ce qui plait à Peter Hamilton, et il construit ses romans comme une suite de scènes d'action sur des milliers de pages. Tout ce qui s'insère entre ces scènes est malheureusement parfaitement insipide.
Ses plus gros points faibles sont la construction du roman et les personnages. Pour l'un comme pour l'autre, il remplace la qualité par la quantité. Peter Hamilton semble ne pas avoir la moindre idée de comment contrôler la progression de son histoire. On voit bien qu'il veut décrire un conflit galactique sur une grande échelle en multipliant les points de vue et les protagonistes comme on écrit un film catastrophe à l'ancienne comme La Tour infernale. Malheureusement, Hamilton n'a ni l'imagination ni le talent d'écriture pour rendre cela passionnant, si bien que l'histoire ne se développe pas vraiment, elle s'étire, se dilue, s'enlise. Des centaines de pages sont consacrées à des sous-récits à l'intérêt nul ou discutable. Je dirais que les trois quarts de ce long roman de 2900 pages n'a aucun intérêt : elles ne sont pas intéressantes en elles-mêmes, ne font pas progresser l'histoire, et n'approfondissent pas les personnages. Elles agissent seulement comme des comptes-rendus excessivement détaillés d'événements qui échouent à impliquer émotionnellement le lecteur à cause de la faiblesse du style de l'incapacité d'Hamilton a créer des personnages engageants.
À défaut de faire progresser l'histoire, les innombrables digressions pourraient avoir le mérite d'approfondir les personnages, mais ce n'est pas du tout le cas. L'Étoile de Pandore implique environ 60 personnages, mais aucun ne sort des stéréotypes en affichant une réelle personnalité qui pourraient susciter l'empathie du lecteur et créer un attachement à son égard. Si bien qu'ils peuvent mourrir sans qu'on s'en inquiète (de toutes façons, ils peuvent être "ressuscités" à partir de leurs souvenirs) ou se révéler être des traitres sans même qu'on se rappelle de qui il s'agit ni de leurs actions précédentes, car finalement tous sauf une poignée d'entre eux ne sont que des figurants.
Le troisième point faible tient à la pauvre capacité de Peter Hamilton à imaginer des sociétés futuristes. À la vérité, toute l'histoire semble se dérouler au cours du XXe siècle (celui durant lequel l'auteur à vécu son enfance) à la particularité près qu'on peut prendre le métro à Paris pour déboucher sur une autre planète. Dans ce roman, comme dans le cycle de l'Aube de la Nuit, il y a de nombreuses planètes et villes mais toutes ressemblent à des villes de notre époque ou même du XIXe siècle. Je peux dire qu'à part les rares moments passés à bord de vaisseaux spatiaux, je ne me suis jamais senti dans le futur, car ni les descriptions ni le mode de vie ne suggèrent le futur.
Enfin, s'il évoque plusieurs thèmes, Peter Hamilton n'en explore pas vraiment les implications. Par exemple, sur le thème de l'immortalité acquise par le transfert de conscience vers un nouveau corps, Richard Morgan va beaucoup plus loin dans sa série de romans sur Takeshi Kovacs en proposant des intrigues plus intéressantes et mieux construites qui montrent bien les répercussions d'une telle découverte sur le fonctionnement de la société. Peter Hamilton de son côté reste à la surface du sujet en n'en montrant que les aspects les plus évidents.
Pour finir sur une note néanmoins positive, je dirais que la seule chose que j'ai trouvé réussie dans ce roman c'est la description de la forme de vie extraterrestre et de son histoire. Elle a une particularité à laquelle j'avais déjà songé et qui sort des sentiers battus. Mais je n'ai pas écrit de roman tandis que Peter Hamilton l'a fait, et sur cette partie-là, je trouve qu'il s'est montré convaincant, aussi, pour cela, je lui rends l'honneur qui lui est dû.
En somme, si vous aimez lire de la SF pour les idées nouvelles qu'elle véhicule, il y a trop peu à lire dans ce trop long récit. Rien que parmi les compatriotes d'Hamilton, de nombreux auteurs sont beaucoup plus intéressants : Alastair Reynolds, Iain Banks, Richard Morgan, ou Stephen Baxter. Si vous aimez l'action minutieusement écrite (particulièrement les scènes militaires) et que vous être peu sensible au style, ce livre pourrait vous plaire.