François Rabelais, pseudonymes compris, est un auteur français classique, et ses personnages Gargantua, Pantagruel et Panurge font partie du panthéon des figures emblématiques de la culture littéraire de l’Hexagone, il m’en fallait pas plus pour me donner envie de le lire.
Déjà gamin, j’utilisais souvent l’adjectif « gargantuesque » pour exagérer les choses à l’extrême, exercice que je pratique souvent. Maintenant que j’ai lu Rabelais, je comprends mieux pourquoi qualificatif a traversé les âges.
Alors oui, tout est démesuré, les quantités de taille, de bouffe ou de bétail sont monumentales, et rien que ce choix artistique donne au récit une unicité qui fait sourire les créatifs et soupirer les gens qui font un bac S.
En plus de l’exagération, il y a un humour burlesque et subtil à la fois, en témoigne le dialogue de Pantagruel avec Panurge, et son milliard de dialectes différents. Ça désarçonne et ça fait rire en même temps, j’adore ce mélange d’absurde disproportionné et de langage soutenu.
Et comme je suis un homme et que je suis donc un peu sot par nature, le grivois me fait beaucoup rire. Comment ne pas être hilare lorsque, au milieu d’un récit guerrier, le narrateur nous sort que Pantagruel pissa si copieusement sur ses ennemis qu’il les noya tous ?!
Le sel de l’œuvre réside ici : on suit une histoire, on se concentre pour pouvoir comprendre la syntaxe obsolète sur laquelle repose la narration et sans prévenir, Rabelais nous parle de conchier, de cul, de couillon ou de compisser tout en tâchant de garder un ton austère et savant !
Bref, une lecture courte mais pas si facile, notamment à cause du vocabulaire suranné, des constructions ès phrases troublantes et des innombrables références antiques qui nous font perdre un peu le fil. Mais ce savant mélange entre lyrisme bouffon et austérité mésicale au service d’une subtilité pince-sans-rire est un régal.