Début de lecture: 24 Juillet 2020
Fin de lecture: 29 Juillet 2020
Edition: Folio
Papillon et la Lionne sont deux réinterprétations modernes et japonaises de tragédies classiques occidentales. La première est une adaptation de l'opéra italien "Madame Butterfly" sur un amour impossible, la seconde de la tragédie Grecque, Médée, narrant l'histoire d'une femme détruisant tout ce à quoi son mari tient pour le punir d'un comportement odieux.
Yukio Mishima s'approprie donc ces deux tragédie pour en faire quelque chose de nouveau, ancré dans son époque et à ses thématiques d'auteurs. Papillon est une nouvelle mélancolique sur un amour de jeunesse impossible et frivole et la Lionne narre la gradation d'une femme vers la bestialité et la furie meurtrière en raison de la négligence de son mari.
Ces deux nouvelles portés par le style poétique de Mishima, traduit avec brio par Ryôji Nakamura et René de Ceccatty, souffrent d'un flagrant problème de construction et d'organisation. Le cadre spatio-temporel est flou, le lien entre les différentes scènes aussi, les noms des personnages s'entrechoquent et finissent par vite se confondre dans la Lionne, certains éléments sont inutiles (comme l'attaque d'un train par des bandits dans cette dernière) alors que la nouvelle est un genre littéraire qui se doit par définition d'aller directement à l'essentiel en donnant un passé, un développement et une personnalité très rudimentaire aux personnages.
La narration décousue de ces deux nouvelles est semblable à un rêve, où nous assistons impuissants à des scènes et des lieux qui n'ont pas de lien entre eux, où l'on ne peut que voir certains détails qui ne sont pas importants ...
Mishima est mené par sa propre idée floue, on ne sait pas vraiment où il veut en venir et il a du mal à se réapproprier ses deux tragédies pour en faire quelque chose d'intéressant. Ce qui est normalement le premier but d'auteur qui fait une réinterprétation moderne d'une œuvre.
Cependant, ces deux nouvelles trouvent un certain aspect cinématographique comme si elles n'étaient en réalité que le brouillon d'un film. Mishima s'autorise des sauts dans le temps et des retours dans le passé en plein milieu d'un même chapitre (flash-backs et forward-backs) et la nouvelle est écrite de sorte à ce que le lecteur s'imagine des plans magnifiques avec des jeux de lumières époustouflants "... Son ombre maléfique à la lueur de la bougie faisant des va-et-vient." "Shigeko sentait que la lumière du crépuscule déposait sur son visage un maquillage spectaculaire."
Ces deux nouvelles, certes bien écrites, souffrent du manque flagrant d'organisation et d’originalité de Mishima. .