(Librairie). J'avais été emportée par les nouvelles du recueil Les Orages, et je me suis frottée à un roman de Sylvain Prudhomme. Grand bien m'en a pris, j'ai tout aimé. Le style, les dialogues, le récit, tous les niveaux de lecture. Cet auto-stoppeur que l'on a tous un peu en nous, les enthousiasmes géographiques, et toutes les formes de solitude.
Et puis p.130 j'ai relu plusieurs fois ce paragraphe :
J'ai réalisé qu'il ne se passerait rien. Qu'il n'y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines ocntinueraient de passer, que le temps continuerait d'être cette lente succession d'années plus ou moins investies de projets, de désirs, d'enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, de la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers notre lit en nous jurant d'être plus rusés le lendemain - plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.