Facile et agréable à lire, sans aucun doute à dessein et à des fins pédagogiques, ce bouquin raconte l'histoire d'un candidat à l'élection présidentielle 2022 dont le programme s'articule autour de la semaine de travail de 15 heures. Avec bien entendu toutes les mesures qui en découlent, comme le plafonnement de l'échelle des salaires en vue d'assurer l'équilibre économique des entreprises, et les conséquences sociales bénéfiques que cela induit, en particulier sur la santé physique et mentale des travailleurs. Rédigé dans une tonalité enthousiaste et faisant largement appel à l'émotion chez le lecteur, c'est une véritable bouffée d'air pur, que dis-je c'est du feel good concentré, en même temps qu'une critique sociale assez virulente de notre société qui, il faut bien en convenir, est à bout de souffle...
Pour autant, c'est un peu voire très naïf : ce bouquin a sans doute écrit durant le confinement, au moment où cette fameuse idée du monde d'après prédominait encore dans l'opinion, qui ne s'était pas encore aperçue - faute de l'avoir expérimenté - que le monde d'après serait pire que le monde d'avant. Naïve également cette croyance selon le système électoral permettrait un changement aussi radical : quand on observe la façon dont l'opposition de gauche en France - qui n'est pourtant guère plus que sociale-démocrate façon PS des années 80 - est réprimée et vilipendée par les médias des milliardaires, on a du mal à imaginer un débat serein, apaisé et 100% démocratique si d'aventure un candidat promettant la semaine d'un jour et demi avait un jour une chance de gagner une élection présidentielle. Sans compter par ailleurs ce que ce pays compte de pétainistes plus ou moins assumés.
Bon, vous l'aurez compris, il s'agit plus d'un ouvrage destiné à promouvoir les idées de son auteur Hadrien Klent (un pseudonyme, je ne sais pas qui se cache derrière, mais il vaut mieux être prudent quand on cite L'insurrection qui vient), idées pas si déconnantes que ça en revanche quand on considère d'autres travaux qui vont un peu dans le même, comme ceux de Graeber, et les formidables gains de productivité que les progrès technologiques ont permis d'obtenir au cours de ces dernières décennies. Mais terminons sur une pointe d'optimisme et gageons qu'une partie de la jeunesse pourra se laisser convaincre par cette idée de la paresse pour tous au 21ième siècle, alors même que ce n'est pas franchement l'idée que le régime se fait de notre avenir, il n'y a qu'à voir les réformes récentes de l'assurance chômage et celle à venir des retraites...