Le mot juste

Tous les experts que je lis ou que j'entends lorsqu'ils évoquent "Paris est une fête" précisent toujours à quel point ce livre est parsemé de fausses anecdotes. Avec un sourire, Hemingway est considéré comme un affabulateur. Mais pas n'importe quel affabulateur ! Un beau menteur, qui écrit comme à son habitude, avec simplicité et justesse.

Ce livre se révèle être un excellent livre de témoignage, de vignettes, de portraits d'hommes et de femmes qu'a rencontré Hemingway dans ses perigrinations parisiennes dans les années 20.

Il y a ces conseils géniaux de Mademoiselle Stein. Par exemple, lorsqu'elle lui dit de ne pas acheter de vêtements mais des tableaux de peintres. Ou qu'elle lui conseille d'écrire des textes "accrochables", limpides pour le lecteur.

Il y a aussi cette métaphore précise et émouvante au sujet de son ami Fitzgerald :

" Son talent était aussi naturel que les dessins poudrés sur les ailes d'un papillon et, quand tout fut emporté ou saccagé, il ne s'en aperçut même pas. Plus tard, il prit conscience de ses ailes endommagées et de leurs dessins, et il apprit à réfléchir, mais il ne pouvait plus voler car il avait perdu le goût du vol et il ne pouvait que se rappeler le temps où il s'y livrait sans effort. "

L'écriture d'Hemingway est modeste et grande. On voyage dans Paris et c'est tous les portraits de ces gens libres et vivants qui rendent la balade joyeuse et intéressante.

Dans ce livre qu'il a écrit à la fin de sa vie, Hemingway confesse avoir toujours eu la volonté d'écrire le "mot juste".

Pour moi, il a réussi.