Quelques belles trouvailles encourageantes sur un fil encore trop rebattu...
Dans la production à surveiller de Poussière Éditions, maison sétoise dont l'attachement à John Fante n'est pas un vain mot, ce très court roman de 2009 n'est hélas pas très convaincant.
Si j'apprécie le travail d'authenticité et de sincérité de ce cri de rage de 110 pages, et quelques jolies trouvailles (le narrateur se réfugiant calmement dans son frigo, la lettre recommandée vue comme un oiseau à étriper débarquant dans la boîte aux lettres, les photos de mariage et tickets de caisse de supermarché comme souvenirs du mari défunt,...) , il reste néanmoins que sur un thème archi-rebattu (le couple de jeunes fauchés légèrement déjantés qui cherche à s'en sortir), même placé sous les signes conjugués des hommages à Salinger, Bukowski, Fante, Carver et Brautigan, on reste loin du compte nécessaire, et l'impression de "déjà lu" (aggravée par trop de clichés et par les réflexions pas toujours heureuses de l'auteur, en tête de chaque chapitre) y reste au total plutôt tenace...
Suffisamment de promesses éparses dans ce premier roman pour donner envie de connaître l'évolution de l'auteur, toutefois.
"Quand mon père est mort, j'essayais de baiser une fille.
J'avais alors dix-sept ans et cette nana devait se payer la vingtaine environ.
Je ne me rappelle plus très bien son visage, ni son prénom.
Je sais seulement qu'elle était mon premier véritable coup et que j'avais un mal fou à toruver l'ouverture.
"Alex", a fait la voix de ma mère sur mon répondeur, "Alex. Ton père vient de mourir. Il est à l'hôpital Destouches. Rejoins-moi, s'il te plaît."
La fille sur mon matelas a dit "Merde !" et j'ai répondu :
- T'en fais pas. Il est mort, maintenant. Il peut attendre cinq minutes de plus.
Puis j'ai continué à chercher..."