Un roman policier se savoure à sa propre vitesse en découvrant des lieux, des protagonistes complexes et surtout une intrigue prenante. C'est pour cela que j'aime me perdre dans ce genre d'univers réaliste guidé par un héros poétique et attachant.
C'est ce que je trouve en lisant les romans de Fred Vargas.
J'ai l'habitude de m'immerger dans la littérature d'anticipation et de science fiction, mais régulièrement je replonge dans un roman policier, littérature que je dévorais également il y a quelques années... C'est sans doute pour cela que je suis partagé, voire peut-être un peu déçu par ce roman. J'ai découvert Vargas sur le tard avec "l'armée furieuse", mais sa poésie littéraire m'a donné envie de retrouver le personnage d'Adamsberg dans une autre situation.
Pour décrire son héros, on pourrait retrouver les influences de l'écrivaine dans les personnages de Magnan et de son commissaire Laviolette, mais aussi dans l'immense production de Simenon qui nous décripte la sociologie contemporaine (avec le fameux Maigret entre autres mais pas seulement).
J'aime beaucoup les personnages qui doutent ou qui se plantent (cf Léo Malet et Nestor Burma), mais dans cette histoire Adamsberg a beaucoup de chances malgré tout et j'ai du mal avec certains raccourcis ou simplification de l'intrigue. Je m'explique, sans révéler le contenu ça va être difficile, mais je trouve que le vengeur retrouve facilement des personnes inconnues...
Sinon, j'ai beaucoup aimé le personnage du marin qui malheureusement (ce serait une autre histoire bien sûr) s'étiole dans l'histoire au profit d'Adamsberg... La description du "village" de Montaparnasse décrit par l'auteur donne envie de se jeter un calva au comptoir du descendant de Thor...
Enfin, le choix de la peste comme axe central de l'intrigue est quand même excellent et original. On y découvre les relents de l'histoire récente de notre 20ème siècle...
Ce sont ces éléments qui font de ce livre un bon roman policier, mais je crois qu'il me manque un peu du "Poulpe" en Adamsberg !