Marie ne dort pas. Elle a tout essayé : la méditation, les tisanes, l’hypnose, le sport, l’alcool, les somnifères… Mais rien n’y fait, le sommeil a quitté Marie.
Entre récit autobiographique et essai méditatif, l'auteur nous invite dans son intimité, nous fait découvrir son quotidien et ses nuits sans fin. Elle invoque tous les artistes insomniaques, Proust, Kafka, Duras et tant d’autres encore.
“Tout est préférable à cet éveil permanent, à cette absence criminelle de l’oubli.”, disait Emile Ciora. Et je suis bien d’accord. Quoi de pire que de rester allongé dans son lit, la tête en effervescence et le corps fiévreux, dans l’attente du repos qui ne viendra pas ?
Étant moi-même soumise régulièrement au supplice de l’insomnie, ce livre m’a interpellée. Je pensais y trouver la recette du sommeil, j’y ai découvert sa fatalité : rien n’empêche l’insomniaque de ne pas dormir.
Mais j’ai aussi beaucoup appris cette pratique supposément naturelle qu’est le sommeil. Les inégalités entre dormeurs et insomniaques, les techniques inutiles, voire dangereuses pour rejoindre le premier camp. Un camp qui a souvent tendance à penser que l’insomnie est un caprice que le veilleur s’impose à lui-même, comme si le fait de le constater allait l’aider à s’endormir. Mais le sommeil, ce n’est pas la pleine conscience. C’est bien plus complexe.
Et enfin, j’ai découvert ce monde parallèle et rassurant d’artistes torturés, d’intellectuels éveillés. On est jamais le seul à ne pas dormir. Lorsque la lumière s’éteint et que l’heure tourne, 1h, 2h, 3h, 4h, que le sommeil ne vient pas, une multitude d’autres individus attend avec nous. Et c’est ce qui fait la beauté de ce roman, qui parlera certes beaucoup plus aux insomniaques qu’aux gros dormeurs : la solidarité, l’accord tacite entre inconnus, qui aide à décomplexer le sommeil, et in fine, à mieux dormir.
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