Voilà un livre très court (une soixantaine de pages) , qui nous raconte une passion qu’Annie Ernaux a connue, quelques 6 mois avant qu’elle décide d’en parler dans ce livre. Elle a pris le temps du recul, pour nous livrer en toute simplicité à quel point une passion peut tout renverser, changer nos priorités, nos goûts, nos attentes … comment la banale routine devient insupportable, et néanmoins nécessaire pour ne pas complètement vriller. Comment tout passe par le filtre de la passion.
Bref, c’est très simple mais c’est universel, beaucoup s’y retrouveront. Et comme toujours avec Ernaux, on apprécie la photo de l’époque, comme un instantané qui rappellera bien des souvenirs aux plus anciens (il roulait en R25, il écoutait son radiocassette, il appelait d’une cabine, je consultais le Minitel, la visite de Gorbatchev à Paris, etc). Une passion vécue au temps où les portables n’existaient pas et où les amants étaient tributaries du téléphone filaire. Une autre époque certes, mais la folie (“tout était manque sans fin”, “cela m’était égal de mourir”’ “la douleur était partout”, “il y avait très peu entre la mémoire et la folie”, etc.) qu’engendre de telles passions dévorantes ne change pas et Ernaux décrit ça tres bien.