Peau noire, masques blancs est un livre incontournable que l’on doit au médecin psychiatre d’origine martiniquaise, Frantz Fanon.


J’avais pour objectif de lire du Fanon depuis des années déjà, et plus précisément lorsque j’avais découvert cet auteur, dans le livre de l’ancien footballeur, et champion du monde guadeloupéen, Lilian Thuram. Cet ouvrage, intitulé Mes étoiles noires (2009), avait pour ambition de présenter au lecteur des fameux « role model » de couleur noire, dans la mesure où ces exemples étaient assez peu mis en avant en règle générale en occident. Et ce livre avait eu son effet sur moi dans la mesure où j’ai appris l’existence de plusieurs personnages illustres, dont ce Fanon.


On le connait surtout pour Les Damnés de la Terre. Mais Peau noire, masques blancs, est un livre indispensable.


Même si d’après l’auteur, il s’adresse en particulier au noir d’origine antillaise, il parlera à tout le monde. Il ne s’agit pas d’un essai bavard, braillard, qui tendrait à un exercice interminable de victimisation.


Fanon est un psychiatre et par conséquent, il écrit comme un psychiatre, il pense comme un psychiatre et il analyse comme un psychiatre. Plus que la couleur de peau, le racisme, les inégalités, ce qui l’intéresse, c’est la névrose. Et tout au long des différentes parties, il va disséquer la névrose.


Celle de l’antillais qui se découvre noir en débarquant en métropole. Celle de la femme antillaise qui n’aime pas les nègres. Celle du blanc qui ne peut pas se départir d’un certain complexe de supériorité dans ses études éthographiques. Celle de la femme blanche qui a une phobie du noir. La névrose sur l’activité sexuelle prétendument délirante du noir.


Tout au long de son livre, dans un style fluide et percutant, en citant une bibliographie abondante, Fanon nous livre une démonstration saisissante des ressorts psychiques, qui animent bien des personnes dans leurs comportements.


Bien davantage qu’un livre qui dénonce le racisme et le colonialisme, c’est un ouvrage qui appelle à dépasser toutes ces frontières mentales que l’on se crée afin d’aboutir à une véritable fraternité. Car l’objectif de Fanon ici, n’est pas de chercher des coupables, d’obtenir réparation d’un passé trouble. Ce qui transparait de façon évidente de chaque page de ce livre, c’est la volonté d’un médecin de soigner les âmes, et surtout de guérir les névroses qui sont la cause de tant de tourments.

Andika
7
Écrit par

Créée

le 24 mai 2024

Critique lue 22 fois

2 j'aime

Andika

Écrit par

Critique lue 22 fois

2

D'autres avis sur Peau noire, masques blancs

Peau noire, masques blancs
Thomas_Babord
10

L'antiracisme, le vrai.

La première foi que j'ai entendu parlé de Fanon, c'était à SOS-Racisme. Il y avait chez malau' et Sopo, mes formateurs de l'époque, une petite lueur d'admiration ou d'émotion dans leur yeux. Cette...

le 5 déc. 2014

12 j'aime

3

Peau noire, masques blancs
LouKnox
10

Critique de Peau noire, masques blancs par Lou Knox

Peau noire, masques blancs est une étude sur les comportements liés à l'héritage de la colonisation, celui des noirs (surtout des Antillais), mais également des blancs. La pertinence des propos de...

le 24 janv. 2021

5 j'aime

Peau noire, masques blancs
Broutchlague
6

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir

Mitigé... c'est un peu le sentiment qui ressort après la lecture de cet ouvrage.Difficile de savoir sur quel pied danser...La première chose qui (me) frappe, après lecture, c'est à quel point ce...

le 20 juil. 2023

4 j'aime

9

Du même critique

Diego Maradona
Andika
8

Le mythe derrière l'homme

Diego Maradona est un nom que tout le monde connait. Celui d’un footballeur légendaire mais c’est également le titre du nouveau documentaire d’Asif Kapadia, réalisateur britannique à qui l’on devait...

le 3 août 2019

15 j'aime

3

Quatrevingt-treize
Andika
10

Quatrevingt-treize: La révolution, à quel prix...

93 est l'ultime roman de Victor Hugo et n'est pas loin d'être mon favori. Dans les Misérables, le grand père de Marius ne cesse de parler de cette fameuse année 1793 et c'est pour cela que j'ai eu...

le 3 nov. 2015

13 j'aime

3

The Circle
Andika
7

Le totalitarisme bienveillant

The Circle est un film très, très intéressant qui en dit beaucoup sur notre époque.Il s'illustre bien plus par son fond que par sa forme. De plus, le casting est excellent, Emma Watson qui joue Mae,...

le 14 juil. 2017

11 j'aime

1