La première foi que j'ai entendu parlé de Fanon, c'était à SOS-Racisme. Il y avait chez malau' et Sopo, mes formateurs de l'époque, une petite lueur d'admiration ou d'émotion dans leur yeux. Cette lueur je l'ai retrouvé dans les yeux de mon prof de théorie politique l'année dernière. Et je les entends encore dire "Il faut lire Fanon, il faut lire Fanon"...
Ils avaient raison.
Le style d'abord. A part Mitterrand, je n'ai jamais lu de livre politique aussi bien écrit. C'est limpide, fort, extrêmement émouvant tout en restant universitaire. Je ne sais pas si c'est l'influence de Aimé Césaire mais c'est un des très rare livre de théorie qui vous embarquent et vous faisant réfléchir comme cela. Pour tout vous avouer j'ai lâché une petite larme en fermant le livre. ( 'O mon Dieu, faites que mon corps , fais de moi toujours un homme qui interroge !')
Peau noir, Masques blancs aborde la très politique question du racisme post-colonial par une approche psychologique. C'est très novateur (surtout pour l'époque) , très intelligent et cela interroge les 2 disciplines. Fanon analyse le racisme par les névroses de ses patients et par les images culturelles qu'on trouve en société. L'idée est est de montrer que le racisme fabrique chez le colonisé une image de sois forcément en rapport avec la vision du blanc. Autrement dit : entre le noir et le blanc, c'est le noir qui est différent du blanc parce-que le blanc à créer 'la' culture assimilé par tous. Le 'negre', enfermé dans une vision de lui qui ne lui appartient pas se perd en névroses...
La ligne du psychanalyste est de sortir de 'la négritude', de Aimé Césaire, jugé enfermant, tout en gardant sa légitime révolte. Fanon propose a cela une difficile égalité des regards et une humilité à tout épreuve.
A la fois bouleversant et magistrales, "Peau noir, masques blancs" s'arme d'une analyse de gauche qui emprunte à la psychanalyse et au marxisme ses bases et qui fait du colonisé l'objet et l'acteur de l'analyse .
Extraits :
- Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous.
- le jeune enfant noir a-t-il vu son père frappé ou lynché par le blanc ? Y a-t-il eu un traumatisme effectif ? A tout cela, nous répondons : non. Alors ? Si nous voulons répondre correctement, nous somme obligé de faire appel a la notion de 'catharsis collective'
- Je suis français. Je suis intéressé a la culture française, a la civilisation française, au peuple français. Nous refusons de nous considérer comme 'a-côté', nous sommes en plein dans le drame français.
- Ma peau n'est pas dépositaires de valeurs spécifique.
- La densité de l'histoire ne détermine aucun de mes actes.
Soyez antiracistes, lisez, au minimum, les 2 derniers chapitres qui sont magistrale, cela pourrait changer votre vie