Peau noire, masques blancs est une étude sur les comportements liés à l'héritage de la colonisation, celui des noirs (surtout des Antillais), mais également des blancs. La pertinence des propos de Fanon quant à la complexité des paradoxes de l'identité est saisissante ; d'un côté l'homme blanc qui perpétue un conditionnement dans lequel il faut absolument lui ressembler pour être impeccable. De l'autre, l'homme noir qu'on a soumis, infériorisé, au point de provoquer une dualité visant à choisir un camp ; "rester dans sa noirceur" ou imiter à la perfection l'homme blanc pour sortir de ce sentiment d'infériorité et renier sa culture d'origine ?
L'universalité de ce texte et la prise de recul sur le peu d'avancée sur la question, même après 70 ans, font de Peau noire, masques blancs un ouvrage nécessaire, tant sur la condition des alliés probables qui perpétuent malgré eux un racisme ordinaire et qui se voudraient - à tort - bienveillant, qu'une volonté d'annihiler sa culture pour s'inscrire dans une société où domine la réussite et la "blancheur de l'homme blanc".