C'est un personnage cabossé que nous propose Peter Heller dans ce roman au titre intriguant. Peindre, pêcher et laisser mourir, Jim Stegner sait très bien faire tout cela, souvent à la fois.
Prompt à la violence au spectacle de l'injustice, ce peintre en vogue qui s'est retiré dans le Colorado pour faire le deuil de sa vie passée avec l'espoir ténu de renaître de ses cendres, a des comptes à régler avec la société et l'Univers. Exercer son art lui permet de rester connecter au monde qui l'entoure tout en lui permettant de s'évader. Idem pour la pêche à la mouche. Quant à laisser mourir, il s'agit à la fois de se remettre de la perte prématurée de sa fille adolescente et de laisser son ancien moi derrière lui. La tâche n'est pas facilitée par les mauvais garçons qui croisent sa route et qui se frottent à lui et à ses valeurs.
Roman nature-writing très dépaysant, "Peindre, pêcher et laisser mourir" distille au fil des pages un charme puissant et âpre, souvent poétique, souvent violent aussi. Des émotions exacerbées peuplent ce récit qui alterne scènes de quiétude et d'action. Une découverte intéressante et une plume convaincante.