Je dois avouer que j'ai un peu de mal à rédiger cette critique des Pensées de Pascal.
D'abord parce que ma lecture n'a pas été aussi plaisante ni même aussi enrichissante que ce que j'espérais, la faute à sa nature fragmentée et à la volonté de l'auteur de faire une apologie de la religion chrétienne.Revenons plus en détail sur ces deux points et sur les raisons qui font que ces caractéristiques m'ont gêné.
L’œuvre de Pascal n'est en effet pas un bloc constitué de chapitres à l'unité et à la progression cohérente, cherchant à démontrer une théorie philosophique, mais bien un regroupement (ordonné différemment selon les éditions) de pensées couchées sur le papier en vue de l'écriture d'une œuvre globale postérieure mais jamais réalisée, l'auteur étant décédée avant cela. Il est d'ailleurs conseillé par certains commentateurs de Pascal de lire ces écrits dans n'importe quel ordre, des les picorer et de ne pas forcément lire l'ensemble dans l'ordre établi par les éditeurs. Chose que je n'ai pas faite. Je l'ai lu du début à la fin, continuellement, sans rien lire d'autre à côté. Un aspect peut-être à prendre en compte dans mon avis mitigé.
C'est donc personnel mais j'ai besoin d'une unité dans l’œuvre philosophique que j'aborde, et l'impression d'avancer en poursuivant ma lecture, élément absent de ces Pensées de Pascal.
Ensuite je ne m'attendais pas à trouver une apologie de la religion chrétienne, et si cette volonté n'est absolument pas incompatible avec mes goûts littéraires (preuve en est que je suis un grand admirateur de Dante ou de Chateaubriand pour ne citer qu''eux), elle manque ici de charme pour me conquérir et de variété dans le propos pour me satisfaire.
Ces deux éléments qui m'ont un peu dérouté et refroidi quant à ma lecture ne m'ont pas empêché de savourer les éléments philosophiques qu'aborde Pascal et le fait que, avant de parler de Dieu, Pascal parle de l'homme, de la connaissance, de ce qu'est la vie avec ou sans Dieu, de l'ennui et des divertissements, de la vanité, du pouvoir ; et pour avoir ensuite écouté plusieurs émissions traitant de ces sujets, de la philosophie de Pascal, et pas seulement du fameux pari , cela s'est révélé passionnant.
Mais je dois avouer que sous son aspect éclaté et sous les règlements de comptes avec les jésuites et autres, les arguments éclairants sont un peu enfouis sous l'ennui que procure une lecture assidue et continue de ces écrits. J'ai un peu honte d'avouer que j'ai pris plus de plaisir à écouter des débats ou en tout cas des commentaires sur l’œuvre de Pascal que sur cette œuvre en elle-même.
Mais instruit de la façon de procéder et de ce qu'il y a à trouver dans ces Pensées, nul doute qu'une seconde lecture se révèlera plus captivante et enrichissante.