Les pensées de Marc Aurèle ne nous sont pas destinées. Son oeuvre est conçue tel un guide pour lui-même, une série d'aphorismes qui lui permettent de penser le monde autour de lui, le décortiquer pour mieux s'y installer. Un homme qui se pose des questions, c'est là l'histoire de l'humanité toute entière. C'est en cela que cette oeuvre traverse non seulement l'histoire personnelle de Marc Aurèle, et résiste à l'érosion des époques et des lieux pour résonner encore puissamment de nos jours. Le génie personnel, la justice, l'équité, l'idée de la mort (omniprésente), le changement, la petitesse du monde devant le gigantisme du monde et la caravane du temps qui s'écoule; puis les réponses, le stoïcisme, la philosophie, la justice, les Dieux, la nature universelle, la Cité.
Nous suivons un fil déconstruit des pensées d'un homme, une marque à travers les lieux et les époques pour nous montrer que les mêmes doutes et questionnements ont porté les hommes, et continuent de nous porter et nous dépasser. Marc Aurèle nous offre quelques bribes de réponses...
Citations:
"Souviens-toi encore que chacun ne vit que le présent, cet infiniment petit. Le reste, ou bien il est déjà vécu, ou il est incertain."
"Tout n'est que changement; la vie n'est qu'opinion."
"Cours toujours au plus court: c'est la plus courte qui est la voie selon la nature. C'est pourquoi parle et agis en tout de la manière la plus sensée.
"Ton intelligence sera ce que la feront tes idées habituelles, car l'âme s'imprègne des idées. Imprègne donc la tienne par la continuité d'idées comme celle-ci: Là où il est possible de vivre, il est possible aussi de bien vivre."
"Craint-on de changer? Mais rien peut-il se produire, sinon par changement?"
"Le corps, lui aussi, doit se tenir ferme et ne pas se déjeter, ni quand il se meut, ni au repos. Ce que l'intelligence réussit à faire du visage, qu'elle maintient constamment harmonieux et noble, il faut l'exiger pareillement de l'ensemble du corps. Mais il faut veiller à tout cela en se gardant de l'affectation."
"L'art de vivre ressemble plutôt à la lutte qu'à la danse en ce qu'il faut toujours se tenir en garde et d'aplomb contre les coups qui fondent sur vous et à l'improviste."
"Droit ou redressé."
"Trois rapports: l'un avec le vase qui nous enveloppe, l'autre avec la cause divine, source de tout ce qui arrive à tous les êtres, le troisième avec nos compagnons d'existence."
"Recevoir sans bouffée d'orgueil, perdre sans déchirement."
"Fais-leur voir, fais-leur connaître un homme qui vit en véritable conformité avec la nature."
"Quelle perversité, quelle fausseté de dire: J'ai décidé de jouer franc jeu avec toi. - Que fais-tu, mon pauvre ami? On n'emploie pas de préambule! Cela doit être écrit sur ton visage."
"Il faut te garder de te fâcher contre eux, n'évite pas moins de les flatter: l'un comme l'autre, ces excès sont contraires à la sociabilité et entraînent du dommage."
"Quatre perversions du guide intérieur dont il faut se garder constamment: Cette idée n'est pas nécessaire; cette autre conduit au relâchement du lien social; celle-ci que tu vas exprimer, n'est pas de ton fonds. Or exprimer une idée qui n'est pas de ton fonds, considère que c'est une chose des plus absurdes. Et voici la quatrième perversion, dont tu feras honte: c'est si ta conduite marque la défaite de la partie la plus divine de toi-même et sa soumission à la partie la plus vile, celle qui est sujette à mourir, je veux dire le corps avec ses grossières jouissances."
"Avoir sans cesse présent l'exemple d'un ancien qui ait pratiqué la vertu."
"Si ce n'est pas convenable, ne le fais pas; si ce n'est pas vrai, ne le dis pas: Que l'initiative t'appartienne."