Péplum
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Péplum

livre de Amélie Nothomb (1996)

Je sais qu'il est de bon ton de tomber sur Amélie Nothomb. Pour ma part, si j'ai apprécié la plupart de sa production des années 1990, je suis plus dubitatif sur la décennie suivante, bien que n'ayant pas lu la totalité de ses ouvrages.

Péplum est son cinquième roman, si tant est qu'on puisse qualifier ainsi cet ouvrage qui n'est quasiment composé que d'un dialogue, mais je ne suis pas expert en littérature (ni en rien d'autre par ailleurs). L'histoire : une romancière dont les initiales sont A. N. est enlevée par un scientifique du XXVIème siècle car elle a imaginé que l'éruption du Vésuve aurait pu être provoquée par des hommes du futur pour parvenir à la conservation de Pompéi. Elle se réveille en 2580, le savant du futur, Celsius, est contraint de la garder à cette époque, mais la romancière va tout faire pour l'agacer et le convaincre de la renvoyer en 1995.

C'est un ouvrage de nature dystopique, car la romancière parvient à tirer les vers du nez de Celsius et on apprend peu à peu quelle est la nature de la société en 2580. Il ne semble plus y avoir que deux ensembles sur le plan politique, le Ponant et le Levant, le Ponant étant gouverné par une oligarchie dirigée par un tyran. Celsius considère qu'il s'agit du meilleur régime possible, les fonctions étant attribuées selon le QI qui sépare les habitants en différentes catégories, ceux possédant les QI les plus faibles étant qualifiés d'entonnoirs et de betteraves ! On apprend aussi, et là Amélie Nothomb anticipe sans doute la question majeure du XXIème siècle, que la société est dominée par les pénuries d'énergie. Un monde où le Sud a disparu, ayant été éliminé car il était inutile tout en donnant mauvaise conscience aux autres.

On imagine donc le choc des cultures avec une romancière dotée d'un tempérament qui ne peut pas ne pas faire penser à Amélie Nothomb elle-même : un homme du futur méprisant, sûr de lui, face à une romancière qui l'énerve volontairement pour aboutir à ses fins. Et ce que je trouve assez plaisant, c'est qu'Amélie Nothomb est assez dure avec A. N., via la bouche de Celsius qui la qualifie de « ratée », de « prétentieuse », de « petite dinde littéraire », qui critique sa façon de parler incongrue, et qui, du haut de ses connaissances, la considère comme une petite sotte nombriliste. Et A. N. de reconnaître sa vanité et son côté pour le moins irritant. Certains pourraient prendre ces procédés pour de la fausse modestie, et je me pose sérieusement la question, mais je ne crois pas, j'ai l'impression qu'Amélie Nothomb a beaucoup d'humour, qu'elle est consciente à la fois de son talent mais aussi de ses nombreux travers et qu'elle fait ici preuve d'une certaine forme d'autocritique. Il se peut toutefois que je me trompe, et je serai intéressé d'avoir ton avis sur ce point, cher lecteur.

Bref, Péplum est dans l'ensemble un dialogue brillant et Amélie Nothomb y fait preuve d'un certain talent, avec un style alerte, n'en déplaise à certains. Comme il ne s'agit que d'un dialogue qui n'est interrompu par aucune action, on trouvera peut-être que c'est un ouvrage un peu fatigant à lire d'une traite, mais étalé sur plusieurs jours, ça passe vraiment très bien et on prend plaisir à lire toutes les réparties de ce dialogue savoureux. Ce n'est peut-être pas très profond, mais on passe un bon moment avec Péplum.
socrate
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le 4 avr. 2012

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