Le titre de l’ouvrage pourrait être trompeur en ce qu’il laisserait entendre que la relation père-fils est l’objet du propos, alors qu’il ne s’agit que d’une thématique parmi la grande richesse de celles que l'auteur se propose d'adresser.
Le caractère humain, la compatibilité des natures, l’amitié, la sincérité des relations, l’incommunicabilité intergénérationnelle, la fougue de la jeunesse, l’érosion de la noblesse et son inactualité, le tropisme russe concernant la civilisation Européennes et particulièrement Française, l’ordre naturel...
Et c’est bien ce dernier point qui résonne, car si jamais l’auteur ne donnera tort à Bazarov, ce dernier étant caractérisant par un bon sens débarrassé des convenances sociales, se tirant toujours des joutes verbales avec brio, il n’en restera pas moins qu’en bon écorché-vif qu’il est, mourra de la plus sotte des morts, et loin de l’avenir brillant à laquelle il se savait promis, sa seul réalisation restera l’ouverture de quelques grenouilles.
Comment ne pas penser que l’auteur cherche à nous montrer que changer le monde c’est se fourvoyer lorsque les protagonistes qui accèdent au bonheur sont ceux qui ont le cœur simple et d’autres ambitions que celle d’une vie familiale et amoureuse simple (Nicolas et Fédetchka, Arcade et Katia VS Paul, Anna et bien sûr Bazarov).
Toutes les gesticulations, l’ambition, la rage, les foucade des Torquemadas sont toutes insignifiantes et étanches au cycle de la vie qui poursuit inaltérablement son cycle.