Après plus de 15 années d'abstinence, James Ellroy revient à ses anciens amours ou plutôt, à sa ville d'amour, Los Angeles. Se situant comme un préquel au quatuor de Los Angeles (composé du Dahlia Noir, Le Grand Nulle Part, LA Confidential et White Jazz ), Perfidia nous offre une nouvelle plongée dans les méandres de la police de la cité des anges.
Avec un récit nous contant une enquête aux multiples ramifications et ayant comme héros son lot de flics corrompus, alcooliques et pervertis, il ne fait nul doute que le lecteur assidu de Ellroy se retrouvera très vite en territoire connu. Comme à son habitude, l'auteur propose une écriture fiévreuse et au rythme rapide, correspondant parfaitement à l'ambiance de panique frénétique qui devait secouer la ville à une époque où les incidents de Pearl Harbor venaient juste de se produire. Dans cette grande métropole, Ellroy y injecte sa personnalité, plongeant la cité dans un immense brasier de rage et de complots.
Le chaos régnant en ces lieux y est total, transformant littéralement les rues en une zone de guerre où s'affrontent des protagonistes aux objectifs bien différents. Témoin d'une lutte sanglante entre les eugénistes, les sympathisants communistes ou encore, les japonais, Los Angeles se place comme le cadre de résonance d'une seconde guerre mondiale complètement folle, révélant les pires folies de l'homme.
Tout cela nous immerge violemment dans un monde où les anges ont quitté pour de bon cette cité corrompue ; dans un monde où les personnalités historiques sont à la fois déifiées et perverties ; dans un monde où les douces mélodies de Glenn Miller résonnent dans le lointain malgré le vacarme et la violence de la guerre.
Oeuvre limpide et tranchante, Perfidia se situe donc dans la droite lignée des autres livres de Ellroy. Les amoureux de la ville du cinéma peuvent donc se jeter dessus sans hésiter.