Longtemps, Véronique Ovaldé a écrit des romans extravagants et exotiques, comme inspirés par le réalisme latino-américain et bourrés de fantaisie avec un imaginaire fertile. Moins léger, Soyez imprudents les enfants semblait marquer un tournant dans l'oeuvre de la romancière et Personne n'a peur des gens qui sourient confirme cette impression avec une intrigue qui se rapproche davantage du thriller, plus efficace sans doute, mais moins originale de par un certain classicisme heureusement rehaussé par le style alerte de l'auteure. Force est de constater que Personne n'a peur des gens qui sourient se situe dans une certaine tendance actuelle du roman français où l'on privilégie le suspense en orientant le lecteur dans une certaine direction avant de lui montrer qu'il faut se méfier des apparences. C'est une manipulation qui peut se révéler exquise si l'histoire est à la hauteur des attentes et de ce point de vue, Personne n'a peur des gens qui sourient se révèle un tantinet insatisfaisant. Par sa construction, avant tout, qui alterne les couches temporelles autour de son héroïne, une jeune mère de famille que l'on trouve inquiète et menacée au début du livre et qui n'est évidemment pas celle que vous croyez. Encore une fois, le roman rappelle par sa tonalité et ce qu'il dissimule de secrets, de drames et de machiavélisme certaines autres fictions françaises de ces dernières années, à commencer par Une chanson douce de Leïla Slimani même si le récit n'est pas bâti de la même façon. Il y a en tous cas cette volonté de surprendre et de créer des personnages pas très nets en excluant toute morale. Quoi qu'il en soit le dernier Ovaldé reste un ouvrage de belle facture qui risque seulement de décevoir ceux qui étaient attachés auparavant à la manière flamboyante et délicieusement insouciante de l'auteure (même s'il y a toujours eu une part de gravité voire de tragédie).

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le 13 févr. 2019

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