A Florence en 1557, le peintre Jacopo de Pontormo est retrouvé mort dans la chapelle San Lorenzo, au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans. Un meurtre sans aucun doute. Une représentation jugée lascive de Vénus est aussi retrouvée près de l’artiste mais le plus choquant est qu’elle a les traits de Maria de Médicis, la propre fille de Cosimo de Médicis, duc de Florence. Giorgio Vasari, lui-même peintre, est chargé de faire la lumière sur cette mort. Pour cela, il va demander le concours du Maître Michel-Ange Buonarroti alors en plein travail à Rome. Pendant que Giorgio cherche à identifier l’assassin, de nombreux personnages s’agitent et conspirent autour de lui et notamment à propos du tableau de Vénus.
Pour ce roman policier du XVIème siècle, Laurent Binet a choisi le format épistolaire. Il regroupe ainsi 176 lettres que vont échanger les différents protagonistes au cours de cette enquête et qui vont s’étaler de décembre 1556 à août 1558. Un parti pris qui permet d’entrer totalement dans les pensées des personnages et de comprendre leurs motivations. Ce sont ainsi près d’une vingtaine de personnages (artistes, architectes, politiques, religieux...) qui vont entremêler leurs histoires.
Complots et tensions politiques vont aussi entrer en jeu dans ce récit qui dépasse bientôt la quête d’un meurtrier pour nous faire entrer dans l’histoire de l’Italie mais aussi dans celle de l’art. Car deux visions esthétiques s’affrontent, et la mort de Pontormo pourrait bien être liée à cet antagonisme. D’un côté, les partisans d’un ordre moral strict portés par les théories de Savonarole (il manque d’ailleurs peut-être sur ce sujet quelques explications plus détaillées) et d’un autre côté le courant des maniéristes, avec en chef de file Michel-Ange dont les nus sont très controversés et même condamnés par le Pape.
Laurent Binet mène habilement cette enquête durant laquelle les suspects vont se multiplier, jusqu’à une conclusion assez surprenante. Un livre historiquement et artistiquement intéressant mais qui reste loin du formidable HHhH qui fit connaître Laurent Binet du grand public il y a déjà treize ans.