On se laisse vite embarquer dans ce roman passionnant, presque un polar, mais beaucoup plus riche, et tout d’abord par son érudition. On doit supposer en effet que l’auteur s’est amplement documenté sur l’histoire de Florence sous la Renaissance, sur le travail et les préoccupations des grands artistes, peintres et sculpteurs de cette époque, sur le type d’intrigues qui pouvait alors s’y dérouler.Autre charme de ce récit : c’est un roman épistolaire, genre très en vogue au XVIII° siècle, presque disparu ensuite. Cela offre quelques contraintes mais aussi de nombreux avantages : la possibilité de laisser chaque personnage exposer sa vision des événements, ses pensées, ses sentiments ; et il s’ensuit un certain effacement de l’auteur, que l’on ne peut dès lors appeler narrateur… mais peut-être l’auteur se dissimule-t-il derrière l’un des correspondants… Allez savoir…Si le récit n’était qu’une banale intrigue policière, enrichie par le contexte historique dans lequel il est situé, ce serait déjà un bon roman. Mais c’est plus que cela : les réflexions des différents artistes sur leur pratique, leurs jugements, leurs querelles même nous conduisent à nous interroger nous-mêmes sur ce que peut dire la peinture et sur les conditions historiques de sa production. De même, les intrigues, les décisions et les motivations des politiques ou des religieux en disent long sur ce passé entaché d’un éprouvant et désolant manque de liberté, sur la veule soumission de certains, sur la cruauté et le mépris des dirigeants.En lisant ce roman, j’ai découvert un auteur que je ne connaissais pas et cela m’a donné envie de lire d’autres œuvres de sa main.