L'œuvre de Jonathan Tropper est parcourue de motifs aussi universels que casse-gueules (famille, regrets, deuil). Je l'ai découvert avec Le Livre de Joe, et la lecture s'était révélée agréable; une virée sur des chemins pittoresques et amusants. Je réitérai donc avec Perte et fracas.
On retrouve ses repères assez rapidement. Il est ici question d'un chroniqueur endeuillé par la mort de sa femme qui voit son quotidien - partagé entre l'autoapitoiement et le Jack Daniel's - bousculé par sa famille. J'en resterai là pour ne pas gâcher la découverte.
Comme je le disais, plusieurs aspects se retrouvent entre Le livre de Joe et Perte et fracas. Pourtant, le charme opère encore mieux cette fois. L'écriture se montre un peu plus imprévisible dans les embranchements qu'emprunte la narration. Ce qui réserve plusieurs moments forts, parfois très drôles parfois touchants. Les déboires de Doug ont ce petit plus qu'ils ne sont jamais invraisemblables mais toujours bien pensés, à base de clichés que les évènements vont désamorcer avec malice (repas de famille, rancards ou bagarre).
Avec un rythme de croisière qui faisait déjà le sel du Livre de Joe, on assiste à cette longue route partant des tréfonds de la souffrance pour mener au renouveau de l'espérance. Les diverses réflexions du narrateur intradiégétique offre leur quota de sourires, tandis que les personnages secondaires (notamment Claire, la sœur de Doug) apportent des échanges hilarants, situations gênantes ou cocasses.
Supérieur au Livre de Joe à mon avis, Perte et fracas affirme le grand talent de Jonathan Tropper pour offrir un bol d'émotions simples et diablement réconfortantes. Et le livre à la bonne idée de ne pas finir sur un happy-end forcé à grands coups de trémolos, mais sur une note d'espoir qu'il est toujours bon de lire pour se regonfler.