Dans un monde futuriste où les médias ont été remplacés par une prise sur la nuque de la plupart des individus, permettant notamment de transmettre, en plus des images, les sensations de goût ou d'odeurs, une épidémie de rage se répand, décimant la population. Ainsi, une scission s'est faite entre les citoyens du jour et de la nuit. Les nocturnes sont naturellement les plus marginaux, les parias, et les diurnes font tout pour que la peste se cantonne à leur tranche horaire et finisse par venir à bout de cette populace. Mais ceux-ci ne se laissent pas faire, ils ont monté leur propre mode de rébellion, ce qu'on appelle le Crashing, cela consiste en une course effrénée entre vieilles voitures achetées aux enchères de la police, à se rentrer dedans, sans provoquer d'accident mortel, toutefois en provoquant la bonne dose d'adrénaline pour se sentir bien vivant. Les épaves sont maquillées selon le thème du jour "Noël", "déménagement", "Lune de Miel"... Le récit est la biographie de ce qu'on appelle en termes épidémiologiques : le Patient Zéro, c'est-à-dire la première personne à avoir été contaminée par une maladie, et qui est souvent un porteur sain. Dans le cas de la rage, l'intéressé se nomme Buster Casey, un étrange gosse de l'Amérique profonde, doté d'un odorat hors du commun, et d'une fascination pour les morsures et piqûres d'animaux venimeux. Le roman est organisé autour de différents témoignages de personnes l'ayant connu ou juste fréquenté au cours de sa vie, ennemis, famille, admirateurs ou simples passants. Que vont dévoiler tout ces gens du mystère "Rant" Casey? La mort d'un homme influe-t-elle sur les souvenirs que l'on a de lui?
Encore une fois du Chuck Palahniuck qui fleure bon la provocation gratuite, on parle de tampax usagés qui pendent sur des barbelés, oui, oui, on est choqués, berk. Le scénario n'a rien d'original, entre du K. Dick et un film catastrophe lambda, les effets spéciaux et les acteurs surpayés en moins. Il ne s'est pas gêné pour reprendre ce qui a fait son succès, le concept de fight club, des rebelles qui se foutent sur la gueule pour crier leur dégoût du monde, mais là ils sont dans des voitures, ce qui change tout! Comment ça non? La biographie post-mortem par des proches du héros n'est elle non plus pas nouvelle, puisque j'avais fait un article sur un roman du même concept (voir Le Seigneur des Porcheries), et l'on voit bien que l'image est déformée par les visions de chacun et également par le statut de la personne à sa mort, quand une personne connue décède, il se trouve des milliers de meilleurs amis et d'enfants cachés, c'est toujours intéressant à noter, cela dit. Contrairement à ce que je disais dans mon article précédent sur les références culturelles des romans de Pynchon, celles des romans de Palahniuk (et ce n'est pas mon premier) sont clairement indigestes et sentent l'esbroufe, d'ailleurs il s'est mal documenté, car le héros qui collectionne les araignées venimeuses, est en possession d'arachnides tout ce qu'il y a de plus inoffensives qu'on trouve dans toutes les vieilles maisons, et oui, au delà de la veuve noire et des mygales, il n'y connait pas grand chose... Cependant, je dois reconnaitre que ça reste un roman qui se lit tout seul, d'un rythme très bien cadencé, et le style cinématographique de l'auteur est toujours agréable. Un roman prétentieux et un peu fouillis, pour un thème déjà vu, si vous voulez vous mettre à Palahniuk commencez plutôt par son fameux Fight Club ou bien Berceuse.
Et quel putain de plagiat de Crash!