Petit Pays c’est l’histoire d’un jeune homme qui a eu une enfance totalement différente de la mienne, une enfance bien plus mouvementée, bien plus dramatique. Je me sens presque coupable de me reconnaître, toujours dans l’égocentrisme, dans cette vie si particulière. Pourtant, Gael Faye réussit à parler de son histoire d’une façon si humble, si naturelle, si forte qu’il en fait une histoire commune, l’histoire d’un jeune adulte qui comprend qu’il a laissé sa jeunesse. Il l’a vécu, à mille pourcents, mais elle est désormais derrière lui. Lui elle lui a été littéralement arrachée, par cette Histoire si cruelle, cette Afrique déchirée, nous c’est surtout le temps qui nous la vole. Il réussit à nous emmener dans son histoire par son écriture douce et poétique comme le sont les vers de ses chansons, il réussit à nous parler des horreurs de l’Histoire avec sagesse et beauté.
Ce n’est pas un livre sur la guerre, c’est un livre sur l’innocence, la beauté, la joie de l’enfance. La guerre arrive comme une brutale bombe à la fin du livre, même si elle se balançait au-dessus de nos têtes depuis le début, je ne sais pas si c’est car nous connaissions la date ou qu’on pouvait déjà la ressentir même là-bas (mais comment pourrait-on prévoir une chose pareille). Elle nous précipite vers la fin (j’ai l’impression que ce n’étaient que quelques pages), à l’exil.