Déjà fan de l'auteur interprète si talentueux, je me suis jeté sur son premier roman, sachant que j'allais y trouver un prolongement intéressant à son travail textuel.
Bien m'en a pris, "Petit pays" est d'une incroyable fluidité, comme ses petites sœurs chansons, qui avaient déjà comme fil rouge les origines de leur auteur, le roman approfondit le voyage au Burundi, nous fais sentir les odeurs, entendre les sons, ressentir tous ces sentiments complexes qui peuvent traverser l'esprit d'un enfant, face à l'ignominie d'un massacre de masse, d'une guerre basée sur rien d'autre que l'origine ethnique.
La plume de Gaël est métaphorique, poétique, mais jamais ostentatoire, son geste aisé mais travaillé, donne au lecteur un plaisir immédiat.
Comme le héros du roman, Gabriel, s'éloigne peu à peu de son enfance, et de son confort, le lecteur, au fur et à mesure qu'il avance dans le récit, s'enfonce lui aussi dans l'incertitude, le malaise, ce parcours parallèle renforce l'immersion.
Sans apitoiement, misérabilisme, faux héroïsme ou manichéisme, Gael Faye nous conte la vision de l'horreur, vu du fond cette impasse, celle de son enfance, qui mourut prématurément, ce maudit mois d'avril, comme il le dit dans une de ses chanson.
Sa sincérité, son talent d'écriture font de ce premier roman un témoignage romanesque fort, beau et qui ramène par la "petite histoire", la grande et tragique, trop souvent oubliée, d'un "Petit pays".